VILLA MEIJENDEL À WASSENAAR

Modernité circulaire démontable

La villa Meijendel que Jan Pesman s’est construite à Wassenaar incarne la philosophie constructive de Cepezed, l’agence d’architecture qu’il a fondée à Delft, aux Pays-Bas, en 1973.

PORTRAIT D’AGENCE DE C À Z
Avant même d’être diplômé en architecture de l’université technique de Delft, Jan Pesman s’y associe à Michiel Cohen
et Rob Zee au sein de Cepezed, leurs trois initiales. Le trio se revendique architectes industriels et leur agence fait office de pionnière en matière de construction en kit à partir d’éléments préfabriqués de haute qualité, assemblés à sec.
Elle va militer en faveur de constructions non seulement démontables, mais aussi remontables. Jan Pesman conçoit ainsi deux maisons démontables (à 72 %) sous un même toit dès 1990. L’agence livre, en 2016, un tribunal temporaire à Amsterdam pour une durée de cinq ans. Une fois démonté, il est resté stocké quelque temps avant d’être remonté cette année à Enschede à usage de centre d’affaires et de formation.
Le recours au BIM y est indispensable. Au regard d’expériences abouties et au vu de leur efficience, Cepezed est en mesure de valider la rentabilité de ce type de conceptions, intégrant la durée d’amortissement de leurs composants, stockage intermédiaire compris. Il est donc primordial que l’adaptabilité et la flexibilité soient au cœur du processus conceptuel qui doit anticiper le remplacement, le démontage
et le réemploi – même séparément – des différents éléments de façade, du cloisonnement et des équipements techniques. Et cela quand bien même ils partagent la théorie de Stewart Brand selon laquelle toute prédiction en matière de futur d’une construction est probablement erronée.
Simultanément modernes et intemporelles, les architectures de Cepezed limitent volontairement le nombre de matériaux, biosourcés et recyclables en général, afin de s’inscrire résolument dans une économie circulaire respectueuse de l’environnement et du paysage à la fois.

DUNETTE RÉSIDENTIELLE
Comme bon nombre de Néerlandais issus des classes moyennes et aisées, Jan Pesman a succombé à l’exode urbain. C’est à une bonne vingtaine de kilomètres de son lieu de travail qu’il a élu domicile, parmi les dunes boisées séparant Wassenaar des plages de la mer du Nord. Cette petite ville hollandaise de 27 000 âmes est une des plus vertes du Randstad – conurbation regroupant La Haye (à 9 km), Amsterdam, Rotterdam et Utrecht. Cet élégant, quoique radical, parallélépipède de verre et de métal semble s’y être échoué dans une petite dépression sablonneuse entourée de pins et de chênes. Son architecture épurée, presque futuriste, contraste magnifiquement avec son environnement naturel que les façades vitrées paraissent vouloir absorber et dissoudre dans ses reflets. Revendiquée démontable, elle ne pouvait en aucun cas déroger à l’éthique philosophique constructive de l’agence fondée par son propriétaire !
Certes, ses fondations et le sous-sol ont fait appel au béton, mais il est prévu qu’il puisse être, le jour venu, scié en dalles réutilisables comme celles en verre et en acier – en bonne partie préfabriquées – des niveaux supérieurs. Au-dessus du soubassement partiellement enterré hébergeant garage, dépendances et entrée, une boîte essentiellement vitrée sur trois côtés et à charpente acier concentre ses aménités sur deux niveaux le long d’une faille longitudinale sous double hauteur que douche de lumière naturelle un alignement de fenêtres de toit. Cette sensation de vide est accentuée par les parois et garde-corps verriers de la cage d’escalier et d’ascenseur ainsi que par les plateaux de marches et les dalles de verre de la coursive de l’étage ; le triple-vitrage de ces dernières intègre un éclairage LED et est en partie revêtu d’un film mat translucide.

De plain-pied avec le terrain naturel sur trois côtés, le rez de-chaussée ouvre généreusement au sud son vaste séjour sous double hauteur sur l’extérieur ; derrière la paroi à laquelle s’adosse une cuisine américaine s’organise en suite une chambre dont le lit s’escamote dans un placard, une salle d’eau puis un bureau surplombant au nord l’accès au parking. L’étage enchaîne un salon en mezzanine sur le séjour,
deux chambres séparées par la salle de bains. Les planchers sont en dalles de béton préfabriquées avec chauffage par le sol et réseaux divers intégrés. Les façades aveugles sont habillées extérieurement de plaques en verre émaillé noir sur panneaux isolants en laine de roche et de panneaux à nids-d’abeilles en aluminium anodisé microperforé à l’intérieur. Des stores à commande centralisée veillent à la protection thermique et solaire des vitrages.

Rien de surprenant à ce que Jan Pesman ait présidé, de 2010 à 2014, le département construction de l’Institut royal des ingénieurs Kivi Niria !
Nul doute que l’architecture du futur prônée par Cepezed soit tournée vers l’avenir.

• Maître d’ouvrage : Jan Pesman
• Architecte : Cepezed
• BET : Pieters Bouwtechniek
• Métallerie : Voortman
• Photos : Lucas van der Wee