TOUR HEKLA À LA DÉFENSE

« Éclats de caractère »

Avec ses 48 étages pour 220 m, ses 80 000 m2 de surface et 2 500 m2 d’espaces extérieurs, la tour Hekla imaginée par Jean Nouvel s’apprête à devenir, d’ici à 2022, la nouvelle icône de La Défense. Nouvelle venue dans la cour des très grandes, elle viendra rééquilibrer la skyline de La Défense. 

Doc. : L’Autre Image

Son rez-de-chaussée est sorti de terre. Lancé en juillet 2018 et édifié dans le secteur de la Rose de Cherbourg, derrière le centre commercial Les 4 Temps, le phénoménal chantier de la tour Hekla poursuit sa course au rythme d’un étage par semaine. Premier défi technique relevé haut la main : son implantation sur un site particulièrement contraint, une parcelle triangulaire enclavée entre le boulevard circulaire, la route de la Demi-Lune et l’avenue du Général-de-Gaulle, et un sous-sol traversé par le tunnel ferroviaire des lignes L du transilien et du tramway. Tout, en fait, est parti de cette contrainte : la forme triangulaire du site. L’architecte a ainsi déployé cette forme à la manière d’un origami pour faire naître une tour au caractère singulier, mais fondamentalement ancrée dans le sol. Habillée de 40 000 m2 de verre et de métal, sa peau est protégée de brise-soleil générant un motif strié. Elle se révèle par un ensemble de facettes créant une composition prismatique mêlant effets de masse et de transparence qui différencie la tour sur ses trois faces et ses trois angles. La complexité de sa géométrie génère ainsi ombres portées et ambiances lumineuses. Primordial également, l’ancrage de la tour a été pensé pour l’ouvrir le plus largement possible au public qui pourra y trouver, dans les six premiers niveaux, un lobby et différents espaces de services et de restauration. Le pied de la tour vient enjamber la Rose de Cherbourg, un anneau réaménagé en promenade. 

OSSATURE SUR MESURE 

Envisagée comme un signal distinctif, la tête de la tour, à partir du 46e étage, s’apprête, elle aussi, à devenir iconique. Les trois derniers niveaux vont en se rétrécissant pour délivrer de grandes terrasses, des espaces extérieurs aménagés pour les vues. Contrastant avec les immeubles voisins dont le sommet est horizontal, la coiffe, une charpente en acier de 200 t à la structure particulièrement complexe ouvrira donc sur un espace paysager composé notamment de 29 arbres, des essences d’Île-de-France et d’autres protégées. Dans la ligne d’horizon de La Défense, ce jardin placé dans le ciel à plus de 200 m de hauteur devrait conférer plus encore toute sa poésie au projet. Si l’écriture de la tour est en acier, les concepteurs ne voulaient pourtant pas d’un schéma structurel simple composé de portiques. Ils ont donc opté pour une cote constante afin d’avoir un jeu géométrique et ludique. D’un point de vue statique, l’édifice révèle ainsi, par endroits, des surdimensionnements à la manière d’un jeu de mikado. De plus, les sections choisies n’existant pas dans le commerce, des PRS à angle vif, tous les éléments de la coiffe devront être fabriqués sur mesure. 

 

Doc. : L’Autre Image
Doc. : DR/Paris-La Défense

DÉPLACEMENTS ET DÉFORMATIONS 

Des années d’études et de calculs ont été nécessaires pour concevoir cette pergola issue de l’écriture des façades et des brise-soleil. La coiffe est donc constituée d’un certain nombre de facettes triangulaires remplies d’éléments secondaires. Il a fallu contreventer cet ensemble de façon pratiquement aléatoire puisque la forme est telle qu’il était difficile d’obtenir un dessin très simple. Afin d’éviter le déplacement des efforts, la coiffe a été décomposée en trois blocs principaux et autonomes contreventés de façon indépendante et autostable. La mise au point des déplacements et des déformations a été un élément déterminant dans le dimensionnement de l’ensemble de l’ossature. La pression d’air sur les éléments de brise-soleil a également fait l’objet de nombreuses études car, à plus de 200 m de hauteur, il existe toujours des courants d’air (une tour génère ainsi son propre vent). Autre sujet et non des moindres : la sécurité incendie. La coiffe accueillant de la végétation, les pompiers ont exigé une stabilité au feu. Portant sur un scénario réel, l’étude d’ingénierie sécurité incendie réalisée par Efectis et le CTICM a permis une protection au feu par peinture intumescente uniquement sur sa partie basse. 

Maîtrise d’ouvrage : Hines, AG Real Estate
Maîtrise d’oeuvre : Ateliers Jean Nouvel (architecte) ; Hines, AG Real Estate (délégués)
Acquéreurs : Amundi Immobilier, Primonial Reim
BET (structure) : Egis ; Aedis 

LE PROGRAMME 

Avec 48 étages et 80 000 m2 dont 66 000 m² de bureaux, la tour Hekla pourra accueillir quelque 5 800 collaborateurs. Elle comprendra de nombreux espaces communs : cinq restaurants, un auditorium de 250 places, des bureaux, un espace bien-être, deux business centers, un lobby bas et un lobby haut, des loggias et des terrasses à tous les niveaux sur 2 518 m² ainsi qu’un rooftop. 

Photo : Benoit Diacre
Doc. : AJN