Station intermodale Vialia Vigo, Galice
Vigoureuse métamorphose ferroviaire à… Vigo
À l’extrémité occidentale de la péninsule ibérique et à une vingtaine de kilomètres au nord du Portugal, la ville de Galice est désormais reliée à Madrid, Porto et Lisbonne par le train à grande vitesse. Une fois encore les urbanistes espagnols ont su mettre à profit l’implantation d’une infrastructure majeure pour transfigurer la cité portuaire.
Une interconnexion en belvédère
La gare intermodale Viala Vigo vient se substituer à celle d’Urzaiz, engravée dans l’escarpement du versant septentrional d’où la ville embrasse l’estuaire atlantique de Vigo, berceau de son ancestral port de pêche. L’ancien terminus et ses voies ferrées, longées par l’autoroute, s’adossaient ainsi à un à pic de 17 m jusqu’à la ville moderne qui s’est développée au-dessus. En 2006, l’Adif approuve l’arrivée de l’AVE à Vigo grâce au percement d’un tunnel permettant de la relier aux grandes villes tant espagnoles que portugaises. Une concertation s’est engagée entre l’opérateur ferroviaire, la municipalité et la province autonome de Galice pour valoriser urbanistiquement, économiquement et socialement cette nouvelle infrastructure. En résulte un complexe cosmopolite de plus de 125 000 m2 comprenant une station de transports intermodale (trains, gare routière, parking pour 1 549 véhicules mais aussi pour vélos) ainsi qu’un centre commercial (125 commerces dont un multiplex) dont la toiture terrasse se mue en une place publique de 30 000 m2 de plain-pied avec la ville haute, en spectaculaire belvédère sur l’estuaire. L’opération a été portée par Nhood – aménageur urbain proposant « Des lieux en mieux » – et l’équipe de maîtrise d’œuvre lauréate du concours menée par Thom Mayne (Morphosis) aux côtés de BDU Arquitectura et L35 (spécialiste en centres commerciaux de nouvelle génération).
L’acier dans tous ses états
Tenant de l’urban design et du déconstructivisme, le Pritzker californien a souvent recours à l’acier pour mettre en œuvre ses architectures innovantes. Il en a donc été de même à Vigo. Il se déploie sur un demi-kilomètre en superstructure au-dessus du réseau ferré grâce à un savant jeu de poteaux-poutres métalliques rappelant les grues du port qui dynamise l’espace tant souterrain qu’aérien. Ouvert sur l’océan par une baie monumentale, l’atrium central aux allures de nef parcourue de diagonales fait descendre la lumière naturelle dans les entrailles du complexe tout en facilitant l’orientation verticale des voyageurs et des consommateurs. Un longiligne ruban en acier perforé sur structure en treillis basculé couronne le complexe à la façade duquel il confère son allure cinétique perçue par les automobilistes qui empruntent l’autoroute voisine, tout en théâtralisant l’entrée côté ville basse, cadrée latéralement par l’ancienne devanture ferroviaire reconstruite. L’accès depuis l’immense parvis-terrasse en toiture est abrité par un porte-à-faux monumental tandis que des tubulures métalliques déportent d’élégants auvents signalant les différentes activités de plein-air (skate, toboggans, sports) qui animent l’esplanade. « La gare redessine la ville en élargissant les implications de l’architecture en tant que tissu connectif urbain », conclut Thom Mayne. Mission accomplie !
- Maîtrise d’ouvrage : Adif, Nhood
- Architecte : Morphosis, BDU Arquitectura, L35
- BET Structure : Fhecor, Luis Casas
- Photos : Roland Halbe