Roger Briand

Moral[e] d’acier

Aujourd’hui vice-président du Groupe Briand – après avoir confié à son fils la direction du groupe – Roger Briand est le président du Syndicat de la Construction Métallique de France (SCMF). Vendéen, homme de valeurs et de convictions, il défend avec énergie et combativité la profession de la construction métallique en France depuis bientôt 15 ans. Et œuvre sans relâche pour développer le recours à l’acier dans la construction française.

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Quel est votre parcours ?

Je suis né dans la maison attenante à la forge de campagne avec l’odeur de l’âtre et le bruit de l’enclume. Enfant, j’ai connu mon père forgeron avec ses deux premiers salariés. La taillanderie Briand, forge agricole d’autrefois, existait déjà aux Herbiers en 1745 et s’est transmise de père en fils, jusqu’à mon père.
En 1950, avec l’arrivée du machinisme agricole américain, on ne répare plus, on remplace. Les forges de campagne n’ont plus raison d’exister. Mes parents développent alors une activité de serrurerie, puis de construction de hangar agricole et de petit bâtiment industriel. Adolescent, je participe aux montages sur les chantiers, de portes, de fenêtres métalliques et de hangars agricoles.
En 1960, l’entreprise Briand compte déjà une quarantaine de collaborateurs. Comprenant l’importance pour une entreprise de disposer d’un bureau d’études performant, je m’oriente vers des études techniques. En 1969, après avoir obtenu un bac mathématique et technique et un BTS construction métallique, je suis engagé comme dessinateur à la Sofrésid à Paris pour, en avril 1970, prendre la direction du bureau d’études de Briand Construction Métallique.
Dès 1975, nous mettons en place dans nos ateliers une fabrication industrialisée par soudage automatique de profilé reconstitué soudé (« PRS »). Nous réalisons par la suite, quelques bâtiments au Moyen Orient afin de tester de nouveaux marchés à l’export. Depuis, nous avons gardé cette culture de l’innovation qui nous pousse à investir dans des moyens de production modernes et des outils de calcul.
En 1981, mon père me transmet la direction générale de BRIAND Construction Métallique spécialisée dans la fabrication et la pose de structure métallique, de couverture, de bardage et de serrurerie. En 1985, je prends également le poste de PDG du Groupe Briand qui comporte alors, en plus des activités métal, une activité de fabrication de fenêtres et murs rideaux aluminium dirigée par mon beau-frère. Cette activité deviendra plus tard le groupe Liebot.
En 2007, mon fils Gil prend la direction du Groupe Briand. Je l’accompagne au poste de vice-président. Le développement du Groupe Briand, c’est avant tout une histoire d’hommes et femmes engagés. Ancrés dans nos valeurs de technicité, de respect des clients et d’innovation, nous nous développons avec la volonté de construire toujours mieux. Spécialistes des structures métalliques, nous réalisons aussi des structures en bois lamellé et en béton. Nous croyons à la mixité des matériaux avec le bon matériau au bon endroit. Grâce à l’arrivée de mon fils, je me libère du temps, ainsi en 2010, je suis élu président du SCMF à la suite de Michel Bouchet DG du Groupe Fayat.

 

Quelle est l’origine du SCMF ?

En 1886, une poignée d’entrepreneurs, parmi lesquels un certain Gustave Eiffel, fondait la Chambre syndicale des entrepreneurs de construction métallique de France, ancien nom de notre syndicat. Elle intégrait un bureau d’études – le bureau de recherche appliqué de la profession – dont l’objectif visait à définir les premières règles permettant la justification en toute sécurité des dimensionnements et des conceptions de nos structures. En 1962, le SCMF est membre fondateur du Centre Technique et Industriel de la Construction Métallique (CTICM) et lui transfère alors l’ensemble de ses équipes techniques de bureau d’études. Depuis sa création, le CTICM est donc géré par un conseil d’administration dans lequel le SCMF dispose statutairement de la majorité et du pouvoir de décision. Les deux structures, le SCMF et le CTICM, sont juridiquement indépendantes et travaillent de façon étroite et complémentaire pour le développement de la construction métallique en France.

 

Actuellement, quelle est la situation de la profession de la construction métallique en France ?

La construction métallique française est constituée de plus de 800 entreprises réparties sur le territoire, en majorité des PME et ETI familiales. Les constructeurs français réalisent des structures métalliques très variées et partout sur le territoire : bâtiments industriels et commerciaux, grands ouvrages fonctionnels, viaducs, et passerelles, gares, musées, tribunes de stade, bâtiments de stockage, pylônes, parkings, bâtiments agricoles, bâtiments pour l’énergie (biomasse, EPR, photovoltaïque), façades verre et métal, des supports de process, planchers, silos, réhabilitations, transformations, renforcements d’existants… Le SCMF rassemble les grands constructeurs métalliques français comme Eiffage Métal, Fayat Métal, Baudin Chateauneuf, Echart DL, Sopréma (SMB, GH), Briand Métal, Cancé, mais aussi une multitude de plus petits constructeurs. En 2023, le chiffre d’affaires de la profession atteint 4,3 milliards d’euros dont 10% réalisés pour l’export. Les unités de fabrication françaises des constructeurs métalliques ont transformé plus de 800 000 tonnes d’acier. La filière compte 25 000 emplois directs et plus de 50 000 emplois en comptant les intérimaires et les salariés des activités intégrées comme le montage de structure métallique, de couverture, de bardage, de métallerie et d’applicateurs de protection de peinture.

 

Quelles sont les principales missions du SCMF ?

L’objectif premier de la filière construction métallique est d’agir pour développer le recours à l’acier dans la construction française. Ses atouts sont très nombreux : la résistance pour concevoir des structures légères, le recyclage à l’infini tout en conservant ses caractéristiques mécaniques, la possibilité de mettre au point des structures démontables pour le réemploi. Par ailleurs, les aciers à faible empreinte carbone existent grâce à la filière des aciéries électriques et sont déjà disponibles sur le marché. Nous agissons en collaboration avec le CTICM, la Maison de la Construction Métallique et ConstruirAcier. Faire évoluer la réglementation vers une prise en compte des spécificités du métal dans la construction est une mission importante car les parts de marché du matériau en France sont faibles par rapport aux pays anglo-saxons où les réglementations sont plus favorables. Nous intervenons ainsi régulièrement dans les ministères pour expliquer aux législateurs l’intérêt de l’acier. Une autre mission du SCMF est de permettre aux constructeurs métalliques de se rencontrer pour échanger et faire progresser la profession.

 

Quel est l’intérêt pour une entreprise d’adhérer au SCMF ?

A mon sens, il est essentiel. C’est avec les constructeurs métalliques et pour eux que nous agissons pour accélérer le développement de l’acier dans la construction en France. Les filières, comme le bois et le béton, sont très structurées et consacrent des moyens plus importants que les nôtres à la promotion de leurs matériaux. En France, l’acier dispose d’une marge de progression très significative en termes de parts de marché car c’est le matériau du développement durable : résistant et léger, recyclable et réemployable, et très peu carboné quand il est issu d’une filière électrique. Récemment, nous avons fait évoluer la réglementation Feu pour permettre le recours à l’ingénierie incendie qui permet aujourd’hui de construire des structures en acier résistantes au feu. Nos actions sont reconnues.