RESTRUCTURATION/EXTENSION DU THÉÂTRE D’ÉVREUX
Lever de rideau
À bout de souffle et fermé au public depuis 2006, le théâtre d’Évreux a retrouvé une nouvelle jeunesse grâce au projet de restructuration, d’extension et de mise aux normes signé par l’agence Opus 5 Architectes. Emblématique du style Beaux- Arts, l’édifice renoue avec sa splendeur et répond désormais aux nouveaux besoins scénographiques contemporains.
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Conçu par l’architecte Léon Legendre et inauguré en 1903, le théâtre d’Évreux, édifice de style Beaux-Arts, se distingue aussi bien dans le dessin de ses façades que dans sa conception intérieure. Inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 2002, il a subi, au fil des années, différentes dégradations sur les maçonneries et les décors intérieurs sans compter les dysfonctionnements concernant la sécurité du public. En état de ruines avancé, la façade sud souffrait ainsi d’altérations liées aux modifications successives, tandis que la salle de théâtre et ses décors détériorés n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.
EXERCICE PÉRILLEUX
OEuvrant dans un contexte particulièrement délicat, les architectes ont relevé le défi avec brio en proposant un projet contemporain, respectueux du bâtiment historique. « L’exercice était périlleux, rappelle Bruno Decaris, architecte des monuments historiques de l’agence Opus 5. L’édifice est un bâtiment classique donc extrêmement symétrique. Il fallait redonner une unité avec le théâtre existant en conservant tout ce qui était possible de conserver dans son jus, dans sa vocation et l’esprit qui lui est attaché. Le tout en s’adaptant aux nouvelles normes. L’ajout contemporain, en revanche, devait s’affirmer comme tel. » Le choix d’une extension abritant toutes les nouvelles fonctions du théâtre – loges, foyers des artistes, bureaux et salles de répétition – a donc été privilégié.
JEU D’ILLUSIONS
Simple, le volume en extension au sud du bâtiment se développe sur toute la longueur de la façade originelle à travers un parement évoquant un théâtre. Ses proportions ont été étudiées pour être en harmonie avec celles du bâtiment existant. L’étroitesse du volume en extension assure ainsi sa lecture en deuxième plan afin de ne pas « écraser » la façade historique du théâtre. La nouvelle extension est déportée du théâtre par l’interposition d’un vaste hall en retrait largement vitré, qui forme une rue intérieure en conférant une parfaite lisibilité de la façade en briques et moellons. Trois passerelles métalliques délimitées verticalement par une maille légère en inox assurent les liaisons entre le théâtre historique et l’extension dans l’axe de la travée centrale des baies d’origine évitant de nouveaux percements dans la façade restituée. La paroi de l’extension faisant face au théâtre existant et longeant le hall a été traitée comme un grand miroir parfaitement lisse dans lequel se reflètent les modénatures et les teintes des maçonneries de briques et moellons. De quoi créer un appel depuis la place de la mairie en favorisant un jeu d’illusions, propre au théâtre, dans lequel on ne sait distinguer la réalité de la fiction. Les lames du bardage localisées au droit des fenêtres et des grilles de ventilation des équipements techniques sont, quant à elles, perforées pour assurer une continuité de matériau et garantir le passage de la lumière et de la ventilation.
CHARPENTE MÉTALLIQUE ET FINESSE DES PROFILÉS
Les façades ouest, sud et est des volumes en extension dédiés aux artistes sont traitées par un drapé en béton dont l’ondulation évoque le rideau de scène. Les panneaux de grand format sont réalisés en béton préfabriqué à géométrie variable et ont une teinte ivoire se rapprochant au maximum de celle des pierres du théâtre existant. Élément de liaison entre l’extension sud et le théâtre, le hall d’accueil est traité par des façades vitrées conçues de manière à limiter au maximum leur impact visuel : les raidisseurs en acier toute hauteur et sans traverse intermédiaire sont suspendus à la charpente métallique de la toiture du hall afin d’assurer la finesse des profilés. Les vitrages, en verre diamant pour obtenir un maximum de transparence, sont fixés par clameaux pris en feuillure. Du traitement des interstices par des joints EPDM résulte une surface lisse, le plus abstraite possible.
Maître d’ouvrage : Ville d’Évreux
Architectes : Opus 5 Architectes
BET structure : Batiserf
Photos : Luc Boegly