Restructuration de la Fondation Avicenne à Paris

Dans l’esprit de la structure originelle

Œuvre majeure de l’architecture de la seconde moitié du XXe siècle, la Fondation Avicenne, ex-Maison de l’Iran, bâtie en 1969 par les architectes Claude Parent, André Bloc, Mohseine Foroughi et Heydar Ghiai, offre l’exemple rarissime d’un édifice suspendu à une ossature métallique. Iconique, ce bâtiment signal fait l’objet d’une restructuration lourde, conduite depuis 2019 par les architectes Gilles Béguin et Jean-André Macchini dans le respect de son esthétique d’origine.

Situé au sud de la Cité internationale universitaire à Paris, l’édifice – composé d’un bâtiment principal dont la structure métallique s’élève à quelque 38 mètres de haut et d’un bâtiment bas d’un étage dédié aux espaces collectifs – n’héberge plus d’étudiants depuis 2007 en raison de sa vétusté. Dirigés par l’agence Béguin & Macchini, les travaux de réhabilitation de la Fondation Avicenne, inscrite au titre des Monuments historiques en 2008, vont bientôt permettre de la remettre en état tout en respectant l’esprit de l’œuvre de Claude Parent.
Et quelle œuvre ! Audacieux et innovant, le système constructif imaginé par Claude Parent et André Bloc a consisté à concevoir trois portiques d’acier monumentaux supportant deux blocs de quatre étages de chambres suspendus, le peu de points porteurs étant lié à la présence de carrières en sous-sol. Le parti architectural de l’ensemble réside ainsi dans la suspension des deux blocs de quatre étages à cette ossature primaire, d’une part, et dans le monumental escalier extérieur de secours à double spires, conçu comme une sculpture, d’autre part. À l’inverse, donc, des constructions traditionnelles où l’on installe d’abord les fondations sur lesquelles repose le bâtiment, qui s’élève au fur et à mesure des travaux. Bâché et cerné d’échafaudages, l’ouvrage a été curé et sa charpente désossée pour procéder à sa décontamination, l’amiante et le plomb étant omniprésents. S’ensuit la reconstruction de l’édifice, avec la pose des façades vitrées et pleines (panneaux-sandwichs) et du cloisonnement intérieur. Sachant que, confort oblige, les 111 futures chambres d’étudiants seront équipées de cabines de douche et de kitchenettes, les architectes ayant cherché à rester « le plus fidèles à l’organisation d’origine qui prévoyait un espace toilette et un dressing assez généreux où nous avons pu implanter une cabine salle d’eau ».

Un bilan carbone exemplaire

La World Steel Association a réalisé une analyse de cycle de vie (ACV) « cradle to gate, including recycling » sur les « global rebar » — autrement dit une ACV « du berceau à la porte de l’usine » pour les aciers de construction. Cette étude donne 215 kg éq C par tonne avec un taux de recyclage de 100 %. En ajoutant les émissions du transport de l’usine au chantier, on peut estimer l’impact de l’acier de construction à 227 kg éq C par tonne. Sur ces bases, pour ce bâtiment, représentant une masse totale de structure en acier voisine de 800 tonnes, les émissions propres à l’acier représentent : 800 x 0,227 = 181,6 tonnes d’équivalent carbone, soit environ 659 tonnes de CO2. Ce bilan représente juste la « non-émission » d’équivalent carbone et de dioxyde de carbone, résultant de la conservation de la structure principale en acier de ce bâtiment ainsi réhabilité. Ce bilan est encore plus favorable si l’on inclut la conservation des ouvrages en béton armé : fondations sur puits, dalles coulées sur bac acier, voiles en infrastructures et superstructures.

• Maîtrise d’ouvrage : RIVP/Cité internationale universitaire de Paris
• Maîtrise d’œuvre : agence d’architecture SCP Beguin & Macchini
• BE façade : Némo-K
• BE structure métallique : Jaillet-Rouby
• Entreprise générale : Sylvamétal du groupe Baudin Chateauneuf