RESTER CRÉATIF SOUS LA CONTRAINTE

Comment concilier résilience et liberté architecturale ?

Déployée comme une stratégie, la résilience propose des solutions destinées à prévenir et à s’adapter aux menaces et bouleversements majeurs posés notamment par les dérèglements climatiques, séismes, inondations et nouveaux risques. Comment, dans ces conditions, concilier résilience et liberté architecturale ?

« Kobe, Katrina, le tsunami et le désastre de Fukushima… : devant l’augmentation des catastrophes et de leurs coûts, la recherche sur la résilience s’est imposée au cours des quinze dernières années », observe Marc Vuillet. À Paris, sous la menace des crues de la Seine, la canicule de 2003 qui correspond à l’été moyen en 2050, pose la question de l’adaptation des infrastructures aux changements climatiques à venir et de la flexibilité des défenses. Des enjeux fondamentaux pour le bâtiment qui devra anticiper les vagues de chaleur, les inondations, l’érosion côtière, les mouvements des sols, la production de carbone, autant de phénomènes qui risquent de s’aggraver. Après avoir défini le concept et la pertinence de la notion de résilience, Marc Vuillet s’est attaché aux défis posés par la résilience. Résilience de quoi, à quoi, pourquoi ? Selon que l’on se situe à l’échelle d’un bâtiment, d’un quartier, d’une ville ou de la planète. Selon les corpus, la résilience fera référence à des notions plus ou moins connexes. Le territoire résilient peut ainsi être défini comme « un territoire en mouvement, capable d’anticiper les perturbations brutales ou lentes grâce à la veille et à la prospective, d’en atténuer les effets, de se relever et de rebondir grâce à l’apprentissage, l’adaptation et l’innovation, d’évoluer vers un nouvel état en équilibre dynamique préservant ses fonctionnalités ». S’agissant des atouts de l’acier en matière de résilience, Jean-Pierre Tahay a présenté un exposé complet décliné en trois temps. « Le matériau, a-t-il souligné, a appris, à travers ses propriétés mécaniques et ses performances, à concilier les contraires et devenir résilient ». De cette résilience à celle de la structure, l’acier s’impose ainsi comme un matériau complet par excellence. Architectes, ingénieurs et constructeurs apprennent de fait à capitaliser sur ses performances pour en exploiter tout le potentiel, construire plus sûr et durable. Intrinsèquement résilient et capable de répondre, il permet d’être utilisé dans différents contextes notamment dans les situations sismiques. Le matériau satisfait ainsi aux nombreuses contraintes imposées dans une conception résiliente des bâtiments. Transformer un projet pour le rendre résilient et l’inscrire dans son territoire : tel était l’objectif du projet L’Hexagone de Rémy Marciano, métamorphosé en learning center, bâtiment innovant et appropriable pour le campus universitaire de Marseille. Jean-Yves Barrier, de son côté, a présenté trois ouvrages résilients. À Chinon, Lien vertical, un ascenseur qui relie la ville basse à la ville haute, répond ainsi aux problématiques sismiques, tandis que Jardins Boileau, à Saint-Pierre-des-Corps – une trentaine de logements construits au bord de la Loire –, est conçu comme un immeuble-pont sur pilotis pour prévenir les risques d’inondation. Même problématique à Rennes où les anciennes papeteries de Bretagne reconverties en logements sont conçues, en zone inondable, comme un paquebot au bord de la Vilaine, équipé d’une barrière étanche très profondément ancrée dans le sol. À Paris, dans la Zac Bercy-Charenton, le centre d’hébergement temporaire de Jérôme Flot est un bâtiment provisoire, réversible, déplaçable, conçu selon un principe de module à structure métallique.

LES INTERVENANTS

LES ENJEUX ARCHITECTURAUX DE LA VILLE RÉSILIENTE

• Qu’est-ce que la résilience appliquée à un territoire ?
  Marc Vuillet, coordinateur des projets Environnement Énergie Climat, École des ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP).
• Face aux risques naturels et accidentels, la construction acier entre en résilience, Jean-Pierre Tahay, directeur technique Fayat Métal, président du Centre technique et industriel de la construction métallique (CTICM).

CONCILIER RÉSILIENCE ET ARCHITECTURE, RETOURS D’EXPÉRIENCE

• L’Hexagone à Marseille : transformer un projet pour le rendre résilient et l’inscrire dans son territoire, Rémy Marciano Architecte.
• Jardins Boileau, Les Atlantes et Lien vertical : trois projets d’architecture pour faire face aux risques inondation et séisme en Touraine, Jean-Yves Barrier, architecte, urbaniste, designer, JYB Architecture.
• Immobilier solidaire : un centre d’hébergement hors site à Paris, Jérôme Flot, développeur Immobilier solidaire, Soletdev.