RÉNOVATION D’UN IMMEUBLE
DE BUREAUX 38 AVENUE KLÉBER
Retour vers le futur
Architecture Studio et Amar Sabeh El Leil ont rénové l’ancien siège d’Alsthom construit, en 1932, au 38 avenue Kléber. Outre l’optimisation des surfaces et circulations, les concepteurs ont su élégamment transposer dans un vocabulaire architectural et décoratif contemporain toute la richesse originelle de l’Art déco où l’acier joue un rôle majeur !
L’ESPRIT ART DÉCO
Le style Art déco triomphe lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes à Paris en 1925. La capitale se pare alors d’institutions, musées, théâtres, grands magasins, immeubles de bureaux et d’habitation remarquables qui renouvellent l’esthétique haussmannienne. En France, il incarnera le contrepoint de l’architecture moderniste dépouillée concomitante.
Construit par Georges Appia, Auguste Labussière et Marcel Reby, le siège d’Alsthom développe – dans un registre plutôt sobre – ses plus de 1 500 m2 sur huit étages entre la prestigieuse avenue et la rue Lauriston autour de deux cours. Plus étroite, la partie Kléber abrite derrière sa façade en pierre de taille à la modénature plus ouvragée les espaces de direction et de réception de l’entreprise, le président garant sa voiture dans la première cour. Plus vaste, la partie arrière héberge deux tiers des bureaux, sa façade sur rue étant en briques. Trois niveaux de parkings souterrains y sont créés durant les seventies. Vendu à Azur-GMF en 2002, Veolia en sera le locataire jusqu’en 2016, date à laquelle la maison mère de l’assureur Covéa décide d’en faire son quartier général. Un concours ouvert est alors lancé ; Architecture Studio emporte la mise en se concentrant sur le traitement des vides, notamment en anticipant (à raison) le changement de PLU. Associé d’AS et chef de projet, Amar Sabeh El Leil poursuit comme co-auteur l’opération après avoir fondé en 2018 sa propre agence.
L’ACIER COMME SIGNATURE
Dénaturées à force d’être transformées, les menuiseries extérieures ont partout retrouvé leurs généreuses proportions d’origine que souligne désormais leur châssis en acier extrudé gris anthracite – comme toute la métallerie – en saillie de 50 cm avec ouvrant unique à compas. La pierre de la marquise est maintenant carrossée d’acier, tandis qu’une grille double épaisseur longeant le trottoir annonce par son calepin l’identité du lieu. Reprenant homothétiquement le calepinage initial des faïences habillant les parois des cours, il rythme la pose des lambris bois dans les circulations et le dessin de la grande verrière couvrant désormais une orangeraie à l’arrière du spacieux hall d’accueil. L’ossature de cette dernière se compose de rectangles et de carrés obtenus à partir de deux lames d’acier de 24 cm de hauteur soudées sur une âme en retrait assemblées en atelier en modules mis en oeuvre à leur tour sur chantier. D’une portée de 15 m, la nappe est scellée à une structure métallique en rive fixée aux colonnes de la façade. Un tiers des verres présente quatre finitions gravées en écho aux vitraux Art déco, et que signale, la nuit tombée, un éclairage rasant intégré au cadre métallique.
La pierre dallant le sol de cette « serre urbaine » emprunte le même dispositif lumineux. Traitée en jardin en caissons et partiellement décaissée pour éclairer naturellement plusieurs salles de réunion du 1er sous-sol, la seconde cour a été « cadrée » par des menuiseries acier sur un calepin similaire, tantôt parois verticales, tantôt auvent ou encore passage en galerie.
Enfin, une minimaliste verrière cintrée est venue agrandir, sur deux côtés de la première cour, les deux étages d’attique, leur offrant une vue époustouflante sur la tour Eiffel !
Maître d’ouvrage : Covéa Immobilier
Architectes : Architecture Studio ; Amar Sabeh El Leil
BET : T/E/S/S (façade et structure) ; Viry (verrière-serre Kléber + attique)
Photos : Yann Deret