RÉNOVATION DU CENTRE
ALBERT-SCHWEITZER À DAMMARIE-LES-LYS
Retour en grâce d’un équipement
de quartier sensible
Faire la ville est un art. Encore plus que pour la peinture, le repentir y est, hélas, monnaie courante et, surtout, bien plus dispendieux ! La précipitation, les manques de moyens et bien davantage d’ambition y ont engendré des aménagements et des équipements rapidement obsolètes, voire inopérants. Les architectes, urbanistes et paysagistes parviennent heureusement à « rattraper le coup », tel Mobile Architectural Office (MAO) qui a remodelé le centre socio-culturel de La Plaine-du-Lys.
LA PLAINE-DU-LYS, MORNE PLAINE ?
Inauguré en 1996, le centre de services Albert-Schweitzer s’inscrivait dans la politique de désenclavement et de développement social de La Plaine-du-Lys. Cette Zup construite trop vite dans les années 1960 héberge 42 % de la population de Dammarie-les-Lys — petite ville de 22 000 habitants aux portes sud-ouest de Melun. Victime du zoning à grande échelle, le quartier tient alors davantage du magma urbain fait de nasses privées d’espaces publics intermédiaires, où tout ressemble à tout… sauf à une ville ! Au pied de deux tours, le bâtiment accueille sur 6 000 m2 un centre socio-éducatif, une bibliothèque (40 000 ouvrages), une crèche familiale et une halte-garderie, un espace emploi et un pôle associatif. L’ensemble étant desservi par un accès unique, ses circulations tiennent du dédale. Les moucharabiehs métalliques équipant les ouvertures de ses façades préfabriquées en béton ne laissent pas vraiment transparaître ce qui s’y déroule ni y pénétrer la lumière naturelle, d’autant que les plantations périphériques non entretenues ont fini par devenir touffues.
REQUALIFICATION URBAINE ET ARCHITECTURALE
La commande avait pour enjeux de réorganiser les flux intérieurs, d’optimiser et de remettre aux normes les espaces et l’enveloppe extérieure. L’architecte Fabien Brissaud et le paysagiste Rémi Algis vont en profiter pour revitaliser les abords et donner davantage de visibilité urbaine et sociale à l’équipement.
Trois grandes entités distinctes — une médiathèque, une maison des associations et un centre médico-psychologique/ PMI — vont dès lors bénéficier d’un accès propre, clairement identifié architecturalement par un auvent incliné. Les circulations et le fonctionnement intérieurs s’en trouvent simplifiés. Un grand parvis en béton désactivé relie les deux premières entités d’où un généreux emmarchement et une pente à gradins permettent désormais de rejoindre la place du 8-Mai-1945 en contrebas, le reste du talus étant engazonné et arboré. Si la structure en béton armé et la charpente tridimensionnelle en tubes d’acier sont conservées, l’ensemble des façades a été démoli. Sur un nouveau tracé plus linéaire — afin de faire disparaître les redans originels devenus insécures —, une peau de métal et de verre (toute hauteur) ceinture désormais la construction. Habillant les montants verticaux des menuiseries aluminium, des capots en aluminium thermolaqué créent des ailettes en saillie de 25 cm qui génèrent un jeu cinétique d’ombre et de lumière et protègent non seulement du soleil, mais aussi des dégradations. Des tôles d’acier brossé 15/10 — revêtu de trois couches de laque de couleur rouille — habillent les auvents biseautés et les acrotères.
Les faux-plafonds ont été déposés afin de bénéficier de 60 cm supplémentaires ; les installations techniques et la charpente métallique ont été peintes en blanc et des panneaux acoustiques suspendus. Tous les espaces ont ainsi gagné en luminosité naturelle et en confort ; leurs activités sont dorénavant visibles depuis le nouveau parvis.
La remontée en flèche de la fréquentation dans les semaines suivantes atteste que le pari soci(ét)al a été gagné !
Maître d’ouvrage : Ville de Dammarie-les-Lys
Maître d’oeuvre : MAO
Photos : Cyrille Lallement