Reconversion d’une banque en magasin de luxe en blanc
RaFRESHir le patrimoine
Derrière la façade institutionnelle en pierre de taille de la succursale ouverte en 1902, au 6 rue de Sèvres à Paris, se cachait un bâtiment à ossature métallique. 122 ans plus tard et après bien des transformations, l’agence bancaire renoue avec sa modernité structurelle pour se muer en un flagship* conçu en blanc avec le luxe pour destination.
Un témoin du patrimoine commercial
La seconde moitié du XIXe et le début du XXe siècle consacrent l’avènement de l’architecture commerciale, qu’elle soit celle des grands magasins ou celle des sièges de banques dont les architectes furent souvent les mêmes. Si leurs façades en pierre relevaient davantage d’un style néo-classique, leurs ossatures recouraient abondamment au métal, de mise en œuvre bien plus rapide mais aussi propice à la réversibilité d’usage(s). Ce fut le choix de l’architecte Georges-Eugène Balleyguier lorsque la Société Générale lui confia la création de sa succursale rue de Sèvres, quartier bourgeois alors en pleine ébullition commerciale (extension du Bon Marché, création de l’hôtel Lutetia). Le porche agrémenté d’une mosaïque allégorique des cinq continents donnait accès à un vaste hall sous triple hauteur où accueillir avec faste la clientèle, sous une grande verrière à charpente métallique qui l’éclairait, les coffres occupant le sous-sol et les services le fond de parcelle. Plusieurs vagues de travaux (1958, 1972,1980-1990) modifièrent de façon conséquente la typologie de l’établissement bancaire – démolition de la verrière plus tard reconstruite, doublement de l’épaisseur du bâtiment sur rue, nouvelle façade de l’aile arrière… – dénaturant le « palais d’argent » qu’il avait été à son origine !
Régénération architecturale
À la suite du rachat du lieu, Thor Equities associé à Henderson Park consulte l’agence Fresh Architectures pour redonner une âme à ces 1 275 m2 développés sur sept niveaux dont deux en infrastructure et quatre étages comprenant celui de la toiture terrasse. L’objectif était d’y concevoir un superbe volume commercial, conçu « en blanc », susceptible d’héberger à terme le flagship d’une marque de luxe. Il importait aux concepteurs de restituer son intégrité à l’immeuble sur rue, à commencer par l’horloge et le clocheton qui ornaient jadis sa toiture ou encore l’altimétrie originelle de ses planchers. Les architectes réactivent son principe structurel poteaux-poutres, désormais en acier, pour générer de nouveaux usages sur le reste de la parcelle.
Ils tirent parti de la mise en œuvre (et hors feu) du généreux escalier, déployant ses volées métalliques de palier à palier (vitrés) sous son habitacle de verre et d’acier immaculé en terrasse, pour constituer un puits de lumière douchant le cœur de chacun des niveaux. En fait, l’espace central, une fois libéré de ses planchers béton, a été ceinturé par une ossature en acier confortée par des poteaux et pilastres et complétée par des poutres-solives supportant les nouvelles dalles d’étages. Ainsi, le futur preneur pourra-t-il modeler à son gré la morphologie finale de chaque étage. L’ensemble des circulations verticales (marchandises et fluides) ayant été concentré en fond de parcelle tout comme la plupart des locaux techniques ayant investi le second sous-sol, la toiture terrasse a pu devenir un lieu accessible et offrir un volume hors norme au quatrième étage contigu, tous deux probablement réservés à la clientèle VIP.
Un maximum de luminosité a été apporté au cœur des espaces intérieurs grâce aux vides et aux trémies et, notamment, à travers des planchers de verre.
- Maître d’ouvrage : Thor Equities, Henderson Park
- Architecte : Fresh Architectures
- BET Structure : Design Box
- Photos : Christophe Caudroy