RECONSTRUCTION DE LA HALLE DES VICTOIRES À ASNIÈRES-SUR-SEINE
Un savant origami urbain
Conçue par l’atelier d’architecture Filippini et érigée à Asnières-sur-Seine en lieu et place de l’ancien marché en béton datant des années 1960 devenu vétuste, la nouvelle halle des Victoires affiche son succès. Existant depuis l’Antiquité, cet équipement public populaire, toujours aussi prisé, demeure un facteur de revitalisation et d’animation essentiel pour tout centre-ville.
UN ÉQUIPEMENT PLURIFONCTIONNEL
Lauréat du concours lancé en 2016 par la municipalité, l’atelier d’architecture Filippini a imaginé ce projet de marché couvert « en s’appuyant sur trois activités complémentaires : le marché, les évènements occasionnels et les loisirs en extérieur. L’un des objectifs étant de proposer un lieu ouvert et plurifonctionnel ». Cet équipement du quotidien, de 2 830 m², s’inscrit en plein cœur d’Asnières, au sein d’un tissu urbain dense et hétérogène. Un projet pétri de contraintes, puisqu’il est notamment bordé à l’est par un immeuble de logement social de dix étages, sous lequel vient se glisser une partie de la halle, en rez-de-chaussée. D’où l’instauration d’un phasage de travaux complexe qui prend en compte une première étape relative à la livraison de la halle en septembre 2022, une deuxième prévoyant une extension commerciale au sud (juin 2023) et une ultime étape destinée à ériger une halle gourmande au nord (septembre 2023). Reposant sur un parking souterrain de 130 places (assorti de locaux de stockage), le marché ouvre sur la place des Victoires remaniée et vouée à des usages multiples, qui accueille, deux fois par semaine, les étals volants du marché forain ainsi que des manifestations variées (brocante, spectacles…). Le plan du bâtiment – 29 m de largeur, 96 m de longueur et 9,50 m de hauteur – s’organise à partir de trois amples allées longitudinales et six allées transversales qui, distribuant cinquante étals, sont prolongées par des accès traversants donnant à la fois sur la rue et la place.
RÉINTERPRÉTER LES CODES DE LA HALLE TRADITIONNELLE
Quant aux deux entrées principales, elles occupent les angles nord et sud marqués par des pointes de diamant en verre. À l’étage, court une mezzanine sous forme de passerelle suspendue appropriable (café, galerie…) qui relie divers espaces jusqu’à une terrasse accessible, en surplomb du volume marchand. La structure mixte se compose de poteaux en acier remplis de béton qui supportent une charpente métallique en éléments assemblés sur site. Lesquels forment des poutres-treillis de 14 m de portée, prenant appui sur une poutre et un mur en béton. Suivant une trame de 7,20 m, la toiture plissée et isolée se déploie en travées à doubles pans accolés qui dessinent un origami spectaculaire. Elle est couverte de zinc prépatiné dans quatre tons, rouge, vert, bleu et gris, offrant une cinquième façade ludique au bâti alentour. À l’intérieur, si les sous-faces de toit se parent de lattes de bois et d’inox, les étals sont équipés d’arbres en acier permettant d’intégrer enseignes, luminaires, coffrets électriques et arrivées d’eau nécessaires. « L’idée était de ne pas créer une boîte, mais de réinterpréter, de manière contemporaine, les codes de la halle traditionnelle dotée de façades vitrées, d’une ossature acier et d’un socle en briques émaillées bleu cobalt. », souligne l’architecte Renato Filippini.
- Maître d’ouvrage : Ville d’Asnières-sur-Seine
- Maîtres d’œuvre : Atelier Filippini, architecte mandataire ; BET TCE, OTE Ingénierie
- Charpente métallique : Briand et Gérard
- Photos : Didier Boy de la Tour