PONT TRANSBORDEUR DU MARTROU

Retour aux sources

Fondé sur huit piles en maçonnerie sur lesquelles reposent quatre pylônes métalliques hauts de 66,25 m de part et d’autre du fleuve, un tablier de 175,50 m de longueur et culminant à 50 m, auquel est suspendue par câbles une nacelle qui circule à 2 m au-dessus des plus hautes eaux : voilà pour l’objet. Merveille d’acier, immortalisé dans le générique du film Les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy, le dernier pont transbordeur de France, entièrement restauré, sera livré à la fin de l’année 2019. Retour aux origines, donc, pour cet ouvrage classé au titre des
Monuments historiques en 1976 et qui a subi, au fil du siècle, agressions climatiques, corrosion, casse et décrépitude. Éminemment complexe, cette opération d’envergure vise à restituer le pont transbordeur, tel qu’il a été imaginé par son concepteur Ferdinand Arnodin.

UN TABLIER DE 330 TONNES D’ACIER 

Aux manettes, l’entreprise Baudin Châteauneuf qui, dès le lancement des travaux en septembre 2016, a procédé en premier lieu à la dépose de la nacelle, restaurée sur place, avant d’entamer un véritable chantier dans le chantier : la mise en place d’ouvrages provisoires.
À commencer par le montage simultané de deux gigantesques échafaudages autour des pylônes destinés à intégrer les ascenseurs du chantier. Deux plateformes de travail ont ensuite été élevées au sommet des pylônes à l’aide d’une grue de 350 t de capacité. Destinées à permettre aux équipes de traverser la Charente, deux passerelles à câbles de 140 m de longueur ont également été installées au-dessus du tablier. La dépose du tablier, elle, s’est effectuée en deux grandes étapes : la première, depuis les rives, à l’aide d’une grue d’une capacité de 700 t installée au droit des pylônes ; la seconde, au-dessus de la Charente où 14 tronçons ont été déposés sur une barge flottante via un chariot de hissage posé sur les câbles du pont. Fabriqué en atelier, le nouveau tablier de 330 t a été assemblé sur place par rivetage à chaud, soit 22 tronçons de 8 x 8 m. Quelque 20 000 rivets neufs ont ainsi été mis en œuvre au niveau de ses assemblages métalliques à la structure des pylônes. Confinés sous des bâches, ceux-ci ont été désamiantés, puis repeints avec un traitement anti­corrosion et une dernière couche de peinture noire pour la finition. Les 16 tronçons centraux du nouveau tablier ont été acheminés par barge, tandis que les restants étaient hissés à l’aide d’une grue. Pas moins de 22 éléments composent l’intégralité de ce tablier. Reste à assembler les différents tronçons entre eux, à positionner le chariot, entièrement refabriqué, à rééquilibrer les suspentes et les câbles de retenue et à remettre en place la nacelle.
En vue : la livraison de l’ouvrage en fin d’année 2019, puis sa mise en service en 2020 pour la saison touristique.

Propriétaire : ministère de la Culture
Maîtrise d’ouvrage : Oppic (Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture)
Chef de projet : Pauline Prion
Architecte : Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques
Bureau d’études : Artcad
Entreprise : Baudin Châteauneuf
Photos : J-D Lamy/Baudin-Châteauneuf/Oppic