PASSERELLE ROBERT-POUJADE À TOULOUSE
S’affranchir du fleuve
Fruit d’un concours en conceptionréalisation remporté en 2022 par Eiffage associé à Ingérop et aux agences Grimshaw et ppa.architectures, la passerelle Robert-Poujade incarne la nouvelle destination de l’île du Ramier dans le cadre du projet métropolitain du Grand Parc Garonne.

L’ÎLE DU RAMIER, UNE HISTOIRE… FLEUVE
L’île du Ramier est en fait un chapelet d’îlets s’étirant sur 4 km de longueur et 600 m de largeur entre deux bras de la Garonne au sud de Toulouse. Sa géographie évolua au gré des caprices du fleuve¹. D’abord à nef puis terriers, les moulins du Château-Narbonnais qui en investirent l’île de Tounis approvisionnèrent les Toulousains en farine du 12e siècle au 20e. Le premier moulin à poudre, érigé sous François Ier, fut déplacé à deux reprises afin de sécuriser la ville : plus en amont sur les îlots de Banlève sous Louis XIV, puis sur l’île d’Empalot en 1850. L’activité industrielle s’y développa à travers les décennies : traversée du chemin de fer, centrale hydroélectrique, usine d’incinération d’ordures, ArianeGroup…
En 1904, la municipalité y aménagea un parc public de loisirs de 50 ha dont deux piscines – couverte et découverte –, un stadium – terminé en 1950. Décidé en 1952 et achevé en 1966, le parc des Expositions de Toulouse sera exploité jusqu’en 2019. À partir de 1920, des instituts de recherche² puis d’enseignement supérieur y élurent domicile : première cité et stade universitaires toulousains (1954). À la suite des dégâts provoqués par l’explosion importante de l’usine AZF voisine en 2001, un casino sur pilotis s’y installe en 2007.
Initié à la même époque, le projet du Grand Parc Garonne – 3 000 ha concernant sept communes sur 32 km longeant le fleuve – fait de l’île du Ramier sa pièce maîtresse.
Promeneurs, cyclistes et sportifs y jouiront d’un environnement biodiversifié que préfigurent les 12 000 arbres déjà plantés.


Franchissement doux
Protégé des crues par sa digue-avenue du Muret, le quartier très populaire du Fer à Cheval a vu sa desserte avec la rive droite et le centre-ville grandement améliorée par l’arrivée de la ligne de tram franchissant la Garonne via le Pont Saint-Michel. Cependant l’accès piéton ou cyclable de ses habitants à l’île du Ramier impliquait un grand détour.
La création de la passerelle Robert Poujade palie désormais à cet inconvénient. « La configuration particulière du site (entre digue et île) a guidé le choix architectural et structurel ambitieux d’un ouvrage haubané asymétrique » commente Guillaume Pujol, architecte associé de ppa architecture.
Une rampe hélicoïdale en béton doublée d’un escalier s’élance depuis l’île pour franchir les 160 m du lit mineur de la Garonne. Large de 5 m, le tablier et son garde-corps métalliques sont suspendus par des haubans à un mât insulaire en acier incliné en forme de V inversé de 70 m de haut, ils prennent appui, côté ville, sur la placette aménagée sur la crête de la digue. Les massifs d’ancrage des haubans et du mât reposent sur des pieux permettant la reprise des charges dans un sol complexe à proximité du fleuve. L’assemblage des sept tronçons – la tête (60 T) et les trois pièces constituant chacune des jambes – du mât incliné a nécessité la mise en œuvre de câbles et de contreventements provisoires jusqu’à la pose par levage depuis une barge du tablier composé de modules en acier de 8 et 14 m de longueur soudés sur place.



- Maître d’ouvrage : Toulouse Métropole
- Equipe projet : Eiffage Génie Civil (mandataire), Grimshaw, ppa architectures, Ingérop, Atelier ATP (paysage)
1 Une centaine de crues durant les huit derniers siècles dont celle de 1875 qui fit plus de 200 victimes.
2 Electrotechnique et mécanique appliquée, mécanique des fluides, génie chimique…