MODUL’AIR À BRÉTIGNY-SUR-ORGE ET LE PLESSIS-PÂTÉ

Des containers, avec totem et sans tabou…

Premier édifice public érigé sur l’ex-base aérienne 217, Modul’Air, destiné à l’accueil d’entreprises et d’acteurs de l’innovation aéronautique, est le fruit de la mise en place de containers maritimes pré-équipés à la demande qui se lovent sous un mégaparapluie d’acier doté de débords de toit protégeant les façades.

INSPIRATION AÉROPORTUAIRE

Située sur les villes de Brétigny-sur-Orge et Le Plessis-Pâté (91), l’ancienne base aérienne militaire de 300 ha est devenue la Base 217 en 2014, lors de sa cession par l’État à Cœur d’Essonne Agglomération. Depuis 2015, l’agence d’architecture et d’urbanisme l’AUC élabore le plan guide de ce site en pleine reconversion qui, hébergeant un centre de distribution Amazon (42 000 m²) dès 2019, le premier édifié en Île-de-France, poursuit son développement en prévoyant la venue d’activités diverses, comme des studios de tournage de cinéma, l’accueil d’évènements festifs, tels que la Fête de l’Humanité… En 2021, Modul’Air (1 900 m²), bâti par les agences d’architecture LFA (Looking For Architecture) et Calq, est dévolu à des entreprises liées à la recherche, à l’innovation et à l’expérimentation dans le secteur du drone. Ce parallélépipède de 14,70 m de largeur, 56,70 m de longueur, et 11,20 m de hauteur, doté de trois niveaux, donne sur un parvis minéral d’un côté et un hall d’accueil de l’autre. Ce dernier ouvre sur une nef verticale à triple hauteur (est-ouest) qui distribue des bureaux fermés ou ouverts, des salles de réunion et de formation ainsi que des ateliers, un office et des sanitaires. Si, en proue nord-est, l’espace de vol indoor est voué aux essais de drones, les deux étages, eux, logent des bureaux accessibles par deux escaliers et des passerelles métalliques, positionnés en partie arrière.

MECCANO GÉANT

« Ce bâtiment public précurseur sert de vitrine de thématiques liées au registre de l’architecture aéroportuaire, avec des superstructures métalliques aptes à des portées conséquentes qui dessinent un parapluie géant abritant des containers préfabriqués », souligne l’architecte Laurent Graber de l’agence LFA. La singularité de ce projet tient à l’utilisation de containers maritimes High Cube (2,11 m de largeur et 2,89 m de hauteur) premier voyage (neufs) acheminés de Chine en France, puis peints et pré-équipés par l’entreprise Capsa Container dans son usine de Meyzieu : dix-huit unités mesurent 40 pieds (12 m) de longueur, et vingt-sept autres, 20 pieds (6 m) de longueur. Si chaque boîte a fait l’objet d’un aménagement spécifique, propre à sa fonction et à sa place dans l’édifice, des containers extérieurs (nord-ouest) ont été posés pour loger les organes techniques et former le totem signal d’angle (nord-ouest) empilant sept unités. Quant à la structure primaire en acier à poteau à profil HEA 400 de 9 m de hauteur, mise en œuvre suivant une trame de 6,30 m d’entraxe, elle reçoit la charpente acier horizontale qui aligne des fermes en poutres-treillis tous les 2,10 m. Si les façades sont protégées par un ample débord de toit péri­phérique, la principale comprend une ossature secondaire en tubes d’aluminium anodisé maintenant un mur-rideau, alors que celles de l’espace de vol indoor sont bardées de polycarbonate alvéolé. Grâce à la pose optimisée du système constructif préfabriqué en acier, la durée du chantier n’a duré que onze mois.

• Maître d’ouvrage : Cœur d’Essonne Agglomération, SPL Air 217 (MOD), L’AUC (AMO)
• Maître d’œuvre : LFA/Looking For Architecture ; Calq architectes ; Coloco (paysagiste) ; Denizou (économiste)
• BET structure et fluides : Sintec
• Entreprise générale : Capsa Container
• Photos : Kevin Dolmaire