MENUISERIES EN ACIER

Un hymne à la finesse et au design !

Pour pouvoir restaurer, rénover et/ou reconvertir des bâtiments anciens, ou en construire de nouveaux, les architectes choisissent souvent de mettre en œuvre des menuiseries en acier qui, à la fois fines, résistantes et esthétiques, sont un gage de pérennité. Elles permettent d’accroître la pénétration de lumière naturelle dans les volumes internes, une donnée essentielle au regard des économies d’énergies à induire. Confort oblige, ces profilés performants améliorent également l’isolation thermique et acoustique ainsi que la sécurité des baies vitrées, et donc des ouvrages eux-mêmes.

Immeuble rue Campagne-Première, Paris 14e (1911), André Arfvidson. Sa façade est revêtue de grès flammé ornementé qui encadre de fins châssis d’acier. Photo : Carol Maillard

Liés à l’ère industrielle, le fer et la fonte ont été utilisés au cours du 19e siècle pour mettre en œuvre les structures élancées de bâtiments industriels et publics d’envergure, comme les usines, les gares, les halles de marché… Au début du 20e siècle, l’acier sert à fabriquer les fines menuiseries métalliques des façades d’édifices, en plein essor. Or l’acier, avec une résistance mécanique trois fois supérieure à celle de l’aluminium, est le matériau approprié pour réaliser de grandes baies de façades, des toitures vitrées ou des verrières modénatures multiples, ainsi que pour rénover et revitaliser des édifices historiques, dans le respect de l’existant. Aussi, certains fabricants proposent des systèmes performants à fins profils en acier ou en inox – plus élégants que ceux en aluminium, épais – qui sont esthétiques et durables, car voués à supprimer les risques de corrosion, de fuites et de condensation, ainsi que la sensation de froid. Ces solutions techniques, garantissant l’étanchéité, l’isolation et la protection contre la corrosion des menuiseries acier, et répondant aux normes européennes, constituent l’occasion pour les architectes de s’exprimer en toute liberté.

Studio Raspail, boulevard Raspail, Paris 14e (1934), Bruno Elkouken. Sa façade d’inspiration cubiste se compose, au centre, de bow-windows minimalistes. Photo : Carol Maillard
Immeuble boulevard du Montparnasse, Paris 14e (1937), Bruno Elkouken. Son angle en demi-cercle superpose des bandes de vitrages bombés et cernés de profils d’acier noir. Photo : Carol Maillard

ENTRE MINIMALISME ET ORNEMENTATION

En guise de références, l’architecture foisonnante de la période Art déco et Art nouveau des années 1920 et 1930 connaît son âge d’or, avec la construction d’immeubles d’habitation abritant des ateliers d’artistes, à Paris notamment. Les fers à vitres, en T ou en cornières, équipent les menuiseries des façades de ces ateliers orientés au nord pour la lumière adoucie apte à la création, et des ateliers-boutiques d’artisans glissés en pied d’édifice. Les amples volumes, souvent en duplex, peuvent également bénéficier de verrières apportant de la lumière et des vues sur le ciel. Le quartier Montparnasse à Paris regorge ainsi de cette typologie prisée, de style industriel ou loft, avec ses immeubles d’architecture marquante, tel l’ensemble rue Campagne-Première érigé en béton en 1911 par l’architecte André Arfvidson. Sa façade est revêtue de grès flammé ornementé qui encadre les fins châssis d’acier des ateliers d’artistes à double hauteur. Non loin, le fameux Studio Raspail, d’architecture épurée, bâti en 1934 par l’architecte Bruno Elkouken (inscrit au titre des Monuments historiques en 1986), arbore une façade géométrique d’inspiration cubiste, composée de bow-windows à fins châssis d’acier laqué noir, horizontaux et verticaux. Cet architecte est l’auteur d’un autre immeuble de 1937, situé boulevard du Montparnasse, où le traitement d’angle en demi-cercle est rythmé par des bandes de vitrages bombés et cernés de fins profils d’acier noir. L’acier, malléable et résistant, se plie en effet à toutes sortes de formes, tel le cintrage. D’autres villes européennes recèlent, elles aussi, un bâti Art nouveau singulier, comme Vienne, en Autriche, où l’architecte Otto Wagner a édifié plusieurs immeubles de style Sécession. Édifiée en 1899, la Maison des majoliques, abritant des commerces et des appartements, affiche une façade revêtue de décors floraux fastueux et percée de baies identiques à fines menuiseries métalliques peintes, en adéquation.

Maison des majoliques, Vienne, Autriche (1899), Otto Wagner. Sa façade revêt des décors floraux et se perce de baies identiques à châssis métalliques peints. DR
Gare centrale de Cologne, Allemagne, (1859), Kopka & Theil Architekten, 2012 (restructuration). L’immense cimaise de son entrée arbore un mur-rideau à étroits profils d’acier, esthétiques et durables. DR
Le Werk 12, Munich, Allemagne, MVRDV et N-V-O Nuyken von Oefele Architekten, 2019 (reconversion). Les façades vitrées toute hauteur de ce bâtiment industriel rénové sont enchâssées dans une discrète structure d’acier. Photo : MVRDV-Ossip van Duivenbode

AUTRES TYPOLOGIES DE BÂTIMENTS REVIVIFIÉS

Bon nombre de bâtiments industriels, publics ou commerciaux, bien que pérennes, nécessitent d’être restaurés ou rénovés pour être remis aux normes en vigueur et revitalisés et retrouver leur lustre originel, telles les gares aux volumes gigantesques. La gare centrale de Cologne en Allemagne (1859), restructurée en 2012 par Kopka & Theil Architekten, est repérable par la mégacimaise de son entrée munie d’un mur-rideau formé d’étroits profils d’acier, esthétiques et durables.
Autre exemple spectaculaire, la gare centrale de Hambourg en Allemagne (1906), lieu du plus fort trafic de voyageurs du pays, a été réhabilitée en 2011, sa vaste halle métallique et ses travées étant couvertes de verrières cintrées et serties de minces profils d’acier. En guise d’édifices industriels, le Werk 12 à Munich, en Allemagne, a été reconverti en 2019 en un complexe multifonctionnel par les agences MVRDV et N-V-O Nuyken von Oefele Architekten. Cet ouvrage béton de cinq étages arbore des façades transparentes en parois vitrées toute hauteur qui, inscrites dans une fine ossature d’acier, se dissimulent derrière des mots et exclamations
issus du langage des bandes dessinées, de 5 m de hauteur. Côté équipements publics, les piscines ne sont pas en reste, la contrainte d’humidité ambiante étant à prendre en compte. Ainsi, la piscine municipale Oderberger Straße à Berlin, en Allemagne, bâtie en 1902 par l’architecte Ludwig Hoffmann et rénovée en 2016 par les architectes Wilk-Salinas, héberge d’autres fonctions, soit un spa, un restaurant, des chambres d’hôtel et une salle de séminaires. Les baies vitrées restaurées et étanchées maintiennent de discrètes menuiseries en acier et inox, traitées anticorrosion.

VERRIÈRES HISTORIQUES À L’HONNEUR

De multiples édifices, de dimensions, morphologies et destinations variables, bénéficient de verrières laissant pénétrer la lumière naturelle dans les espaces de vie. De formes et tailles diverses, ces verrières et dômes font l’objet de restaurations complexes, comme celle du Grand Palais, érigé en 1900 à Paris, et restructuré de 2001 à 2008 par l’architecte ACMH François Chatillon. À 45 m de hauteur, sa nef monumentale (50 x 200 m), classée Monument historique en 2000, est coiffée d’une verrière formée d’une coupole sur pendentifs et d’un dôme, insérés dans une fine charpente de fer et d’acier qui a été restaurée avec soin pour retrouver son aspect d’origine et être mieux isolée. La rénovation globale se poursuit. Les quatre serres ancestrales du Jardin des plantes à Paris, bâties entre 1834 et 1936 et classées Monument historique en 1993, ont été restaurées à l’identique de 2004 à 2010, par l’architecte ACMH Jean-François Lagneau. S’agissant de leurs charpentes fragiles en fer corrodées, les peintures chargées de plomb ont été décapées, les pièces peu abîmées remises en état et celles corrodées remplacées par des neuves en acier. Les simples vitrages verticaux ont, eux, été changés et les verres armés de toiture conservés ou changés, au cas par cas.

Le Grand Palais, Paris 8e (1900), François Chatillon ACMH, 2008 (restructuration). Sa nef monumentale se coiffe d’une coupole sur pendentifs et d’un dôme, insérés dans une fine charpente de fer et d’acier, restaurée. DR
Piscine municipale Oderberger Straße, Berlin, Allemagne (1902), Ludwig Hoffmann, 2016 (rénovation). Les baies vitrées restaurées arborent de discrètes menuiseries en acier et inox, traitées anticorrosion. DR

ACCROÎTRE LES PERFORMANCES ET LA SÉCURITÉ

Lorsque les façades menuisées de bâtiments de logements (et autres) sont vieillissantes, elles nécessitent une amélioration de leur isolation thermique et phonique, les châssis corrodés étant remplacés par des profilés neufs et robustes de 30 à 45 mm de largeur et de 45 à 150 mm de profondeur, protégés par une peinture de finition thermolaquée de couleur. Les simples vitrages obsolètes sont déposés et remplacés par des doubles ou triples vitrages plus isolants. Ces interventions s’accompagnent d’une remise aux normes réglementaires générant des économies d’énergie. Les systèmes de menuiseries proposés par les fabricants, standard ou sur mesure, s’adaptent aux configurations et contraintes variées des ouvrages. Outre la solidité de ces menuiseries, un impératif sécuritaire, de résistance aux chocs et à l’effraction, s’impose pour les établissements recevant du public, tels les banques, les ministères ou les casernes qui s’équipent de menuiseries acier pourvues de vitrages feuilletés anti­effraction et pare-balles pour les façades, portes et cloisons.
Le siège de la banque BNP de la rue Bergère à Paris (19e siècle), de style haussmannien, a été rénové et remis aux normes de 2007 à 2009, par l’architecte Anthony Béchu. Les verrières ont été restaurées à l’identique, ainsi que les façades du bâtiment en pierre munies de châssis d’acier laqué noir et de vitrages sécurisés. De même, le siège de la Société générale (1912) de la rue de Provence à Paris (classé Monument historique en 1977), rénové en profondeur de 2015 à 2021 par l’atelier COS, a conservé ses façades extérieures, avec ses menuiseries métalliques restaurées et ses verres sécurisés, ainsi que sa coupole en délicats profils d’acier surmontant le hall, elle aussi restaurée.

Serres du Jardin des plantes, Paris 5e (1834-1936), Jean-François Lagneau ACMH, 2010 (restauration). Leurs charpentes fragiles en fer ont été décapées et remises en état, tout comme les simples vitrages verticaux et les verres armés de toiture. Photo : Carol Maillard
Photo : Carol Maillard
Centre national du graphisme Le Signe, Chaumont (52) (19e siècle), Moatti-Rivière, 2019 (reconversion-extension). L’extension contemporaine compte un jeu de pans de pierre insérant de hauts vitrages isolés et cernés de fins profils d’acier noir. Photo : Michel Denancé
Immeuble Shift, Issy-les-Moulineaux (92) 1992, Arte Charpentier, 2019 (restructuration). Sur le vide central, les façades vitrées des plateaux de bureaux sont munies de châssis d’acier laqué noir, au design industriel. Photo : Boegly-Grazia
Péniche Rosa-Bonheur, Paris 7e, Seine Design, 2019. Cette guinguette flottante ovale se compose d’une charpente courbe en profils d’acier étroits et de vitrages surisolés. Photo : Sergio Grazia

DE LA RÉNOVATION À LA (RE)CONSTRUCTION

La rénovation et/ou reconversion d’édifices existants peut se doubler d’une reconstruction partielle permettant de les valoriser, de gagner de la surface et de créer d’autres activités. Ainsi, la caserne de pompiers Champerret à Paris (1932) a été agrandie en 2012 par l’agence Ropa & Asso­ciés Architectes, au moyen d’une excavation de 12 m de profondeur opérée dans la cour du site, afin d’y loger un parking et un centre opérationnel. Éclairé par des douves longeant le bâti en place, ce centre présente des façades en mur-rideau à profils d’acier affinés et vitrages antieffraction, capotés d’inox poli miroir. Changement de programme, avec le Centre national du graphisme, Le Signe, à Chaumont (52), conçu en 2019 par l’agence Moatti-Rivière qui a reconverti et étendu une ancienne Banque de France (19e siècle), par un jeu savant de pans de pierre contemporains insérant de hauts vitrages isolés et cernés de profils d’acier noir longilignes, faisant entrer la lumière du jour. À une autre échelle, l’immeuble tertiaire Shift, bâti à Issy-les-Moulineaux (92) en 1992 par l’agence Arte Charpentier, laquelle l’a restructuré en 2019 pour accueillir la société Nestlé France. Surélevé de deux niveaux, ce vaisseau a été en partie démoli et reconstruit pour créer une faille et une rue intérieure. Ouvrant sur le vide central, les façades vitrées des plateaux des espaces collaboratifs sont dotées de profils d’acier laqué noir longilignes, au design industriel. Construction atypique oblige, la péniche Rosa-Bonheur, amarrée au port des Invalides à Paris, a été conçue en 2019 par l’agence Seine Design pour devenir un lieu festif et un café-restaurant. Cette guinguette flottante ovale (14 x 40 m) comprend une charpente courbe et rigide, en profils d’acier étroits (36 mm de largeur et 3,34 m de hauteur) et vitrages sur­isolés. Sa couverture légère comporte un coussin gonflable central flanqué de toiles blanches, rendant le volume très lumineux. Cette diversité d’interventions architecturales, adaptées à chaque cas d’édifice, magnifie à la fois les façades et les volumes internes, lumineux.

Siège de la banque BNP, Cité Bergère, Paris 9e (19e siècle), Anthony Béchu, 2009 (rénovation). Les verrières ont été restaurées à l’identique, ainsi que les façades en châssis d’acier laqué noir et vitrages sécurisés. Photo : Fernando Javier Urquijo
Caserne de pompiers Champerret, Paris 17e (1932), agence Ropa & Associés Architectes, 2012 (extension). Le centre opérationnel créé arbore des façades à profils d’acier affinés et vitrages anti­effraction, capotés d’inox poli miroir. Photo : Luc Boegly