MAISON UNIVERSITAIRE DES SERVICES AUX ÉTUDIANTS, SAINT-MARTIN-D’HÈRES
L’architecture industrielle comme muse
MUSE – la Maison universitaire des services aux étudiants – réinvestit un des rares bâtiments industriels existant sur le campus de Grenoble. Les deux agences savoyardes sont parvenues à conserver, tout en la magnifiant, l’élégante volumétrie de son architecture industrielle et y glisser les éléments du programme dans un esprit de campus à l’américaine !
Destins croisés
Quand l’Université de Grenoble pose, en 1963, la première pierre du futur campus à l’américaine qu’elle a décidé de construire hors les murs sur d’anciens terrains maraîchers en bordure de l’Isère sur la commune de Saint-Martin d’Hères, l’un des fleurons de l’industrie locale vient d’y construire une unité de production. À peine âgé de 29 ans, l’ingénieur Jean Pomagalski invente dès 1934 le premier « monte-pente » – le futur téléski – qu’il installe à l’Alpe d’Huez. Créée douze ans plus tard, sa société éponyme (rebaptisée depuis POMA) va devenir le leader mondial des systèmes de transport par câble (télésièges, télécabines, télé-nautique, téléphériques, véhicules autonomes…). L’université récupère ce site lorsque l’industriel le quitte pour développer de bien plus vastes usines dans la région. Tout autant attentive à la qualité paysagère et végétale qu’architecturale de son campus, l’UGA y a bâti 160 bâtiments, souvent conçus par des maîtres d’œuvre locaux. Après avoir hébergé dans un premier temps des laboratoires, l’ancienne halle Ampère D se vit affectée il y a une décennie à un nouveau programme regroupant nombre de services à destination des étudiants. L’université y dispose désormais d’un centre de santé, de services d’accueil (handicap, Accompagnement iCampus, International avec antenne de la préfecture), initiatives étudiantes, activités physiques et sportives, culture, entrepreneurial et Fab-Lab. De son côté, le Crous y a établi son siège administratif, ses services sociaux, bourses, logement, culture et sports.
Patrimoine universitaire industriel
Ce projet illustre parfaitement les vertus des structures acier en matière de reconversion fonctionnelle. Ici, l’étonnante couverture à sheds doubles inversés – au profil de papillon – et sa fine ossature ont ainsi pu être conservées, permettant le réemploi de trois cents tonnes d’acier ! « Les charpentes existantes bénéficient d’un traitement anticorrosion afin de garder leur aspect rugueux de l’ère industrielle. » Un jeu chromatique (anthracite, mordoré, gris, vert ou rouge) caractérise leur vocation structurelle respective. Sous cette nappe patrimoniale, une série de « boîtes » fonctionnelles – en pré-mur de béton armé à rez-de-chaussée et ossature bois à l’étage – abritent les différents services autour de patios plantés qui leur confèrent des airs de cloîtres universitaires. Des passerelles acier les survolent pour mieux relier les plots. Des tôles nervurées perforées de teinte dorée habillant leurs parois (isolées par l’extérieur) dialoguent, l’automne venu, avec le feuillage des arbres environnants. Telle des ouïes de requin, 264 ailettes immaculées ceinturent toute la partie aérienne de l’édifice : vrillées à la façon des pâles d’éolienne et réalisées en composite de fibre de verre, de résine et de mousse polystyrène, elles constituent un pare-soleil des plus cinétique.
- Maître d’ouvrage : Université Grenoble Alpes
- Architectes : Milk et Atelier Métis
- BET structure métal : Duverney Ingénierie
- Façade : ArcelorMittal (fourniture), Projisole (pose)
- Charpente métallique : Atelier Bois & Compagnie
- Photos : Studio Erick Saillet