PRÉSERVER LE PATRIMOINE ACIER
LES HALLES CENTRALES
Du ventre béant de Paris au… réemploi
À l’origine, un des grands programmes urbains de Napoléon Ier, la construction des Halles parisiennes par Victor Baltard et Félix Callet ne débute qu’en 1852 pour s’achever en 1935, alors que sont livrés les deux derniers pavillons. Entièrement en pierre, la première construction fera l’objet de nombreuses critiques de la part du baron Haussmann qui aurait incité les architectes à employer le fer et le verre pour concevoir les pavillons comme de simples « parapluies ». Mais à peine un siècle après son édification, le « Ventre de Paris », selon la célèbre expression empruntée au roman d’Émile Zola dont les Halles sont le décor principal, se voit menacé de destruction par le déménagement, vers Rungis et La Villette, du marché des Halles. Amorcée à l’été 1971, la démolition de ces pavillons provoque une véritable prise de conscience de la valeur de cette architecture métallique, jusqu’alors considérée comme tombant en désuétude. « Si les Halles avaient perdu leur fonction initiale, la structure métallique se prêtait pourtant à de nombreux autres usages, assure Marc Le Cœur, historien de l’art. Beaucoup d’architectes et d’experts de l’époque s’opposaient à cette destruction parce qu’ils avaient déjà compris le joyau d’architecture qu’elles constituaient. » Seuls deux pavillons échappent à la destruction, l’un transféré au Japon et l’autre à Nogent-sur-Marne en 1976. Le pavillon 8, qui abritait le marché des œufs et de la volaille, reste ainsi l’unique témoignage de cette architecture. La première colonne de fonte du pavillon Baltard est posée le 6 janvier 1976. Il est classé au titre des Monuments historiques depuis 1982.