LE 52 CHAMPS-ÉLYSÉES À PARIS
Le grand magasin du 21e siècle
Le nouveau concept store des Galeries Lafayette a ouvert ses portes au public au printemps dernier. Un ensemble mixte de bureaux, de commerces, d’espaces de loisirs et d’exposition qui, renouant avec l’architecture Art déco, l’inscrit pourtant résolument dans le contemporain. Pour une certaine idée du shopping.
Conçu par André Arfvidson et livré en 1932 pour la National City Bank of New York, ce premier emblème de l’architecture Art déco dans le quartier des Champs-Élysées a subi au fil des décennies différentes dégradations comme autant d’outrages. Tour à tour Prisunic, cinéma, puis Virgin Megastore dont les travaux d’aménagement ont fait disparaître la monumentale porte en fer forgé, le « paquebot », dégradé et confus, ne répondait plus aux usages et encore moins aux normes de sécurité après le départ de l’enseigne en 2013.
Charpente métallique entièrement mise à nu
Dès 2017, l’agence PCA-Stream s’engage dans une restructuration lourde sur fond de démolition et de reconstruction de planchers. Le tout dans le plus pur respect des éléments patrimoniaux et environnementaux.
Le programme a pour but de rénover et reconfigurer cet îlot d’une surface totale de 25 000 m2 et de mettre en cohérence les trois usages du nouvel ensemble : des espaces commerciaux, des bureaux répartis du R + 3 au R + 6 et loués à la maison Chanel ainsi qu’un restaurant en toiture. L’impressionnante charpente métallique d’origine a été mise à nu, sablée, déplombée, et chacun des poteaux métalliques a été habillé en plaques de plâtre. Les flux ont été simplifiés tout en gagnant de la surface. L’écriture Art déco est revalorisée.
Écriture Art déco…
À l’intérieur, surprise : une voûte d’origine en pavés de verre, pièce maîtresse de l’ancien hall d’accueil de la banque et masquée depuis les années 1980 sous une couche de plâtre, est redécouverte. L’escalier d’honneur, les décors intérieurs en marbre, les vases monumentaux, les appliques à palmettes sont remis en valeur. La grille majestueuse à l’entrée de la galerie est entièrement restaurée, tandis que l’intégralité des baies et vitrines est reprise dans un dessin simplifié. Le « paquebot » est en mesure de prendre sa vitesse de croisière. Avec son escalier de marbre monumental,
ses garde-corps ouvragés et sa verrière magistrale,
le 52 Champs-Élysées confie son architecture intérieure au cabinet danois Bjarke Ingels Group (BIG) chargé de repenser le commerce, à l’heure du numérique, dans ce magasin de quelque 6 500 m2 de surface.
… pour galerie contemporaine
Après 12 mois de travaux, l’entreprise Eiffage Métal a livré, au printemps dernier, le lot Grands Gestes du nouveau magasin comprenant un tunnel d’entrée vitré, des « boîtes vitrines » en verre et un escalier de verre et métal reliant le R + 1 au R + 2. Redesigné, l’espace rend aujourd’hui hommage au bâtiment historique et invite ses visiteurs à la déambulation dans une vaste galerie composée d’éléments réinterprétés et déployés de façon contemporaine. Une fois franchies les hautes portes en fer forgé, le visiteur pénètre le lumineux pont-tunnel du magasin, édifice de verre et métal pour se retrouver au cœur du magasin déployant ses quelque 650 marques triées sur le volet.
Profilés meulés à la main
Impressionnant, l’atrium circulaire est couronné d’un immense « ring » – un spectaculaire anneau doré – constitué de niches de tôle perforée recelant objets de désir et de luxe savamment sélectionnés. Selon les vœux de l’architecte, toutes les structures métalliques visibles du projet devaient avoir des angles vifs et être traitées selon un schéma de ponçage. L’objectif : une fois la peinture dorée semi-transparente appliquée, la charpente devait prendre de délicats reflets. Tous les profilés visibles ont ainsi été meulés à la main, et la définition du schéma de ponçage avec l’architecte a duré un mois. Au-dessus du « ring », une série de vitrines en verre, suspendues sous la coupole, propose une variété d’expériences et d’activités visibles depuis les niveaux inférieurs. Destinées aux événements ou aux « collections capsules », ces six boîtes en porte-à-faux autour de l’atrium, au vitrage bullé, légèrement déformant, ont été spécialement conçues pour le magasin.
Maître d’ouvrage : Galeries Lafayette
Architecte : Bjarke Ingels Group (BIG)