LA NATURE PREND
SES QUARTIERS EN VILLE
Quand l’architecture repense
la relation naturalité/urbanité
Nouveau volet du cycle « Construire les territoires de demain », la conférence « La nature prend ses quartiers en ville » s’est déroulée le 23 septembre dernier à la Maison de l’architecture Île-de-France. Explorant la relation naturalité/urbanité, elle a multiplié les points de vue sur le végétal, ce nouveau matériau de l’architecture, qui conquiert façades et toitures. Une architecture de la légèreté dans laquelle l’acier multiplie les atouts.
LES INTERVENANTS
• BiodiverCity, ou quand la nature fait son retour en ville
Tolga Coskun, écologue – Directeur du pôle Biodiversité, Arp-Astrance.
• Les multiples atouts de l’architecture métallique au service de la nature en ville
Jean-Loup Patriarche, architecte, président de l’agence Patriarche.
• Pavillon 6 : la plus grande ferme urbaine d’Europe sur le toit du parc des Expositions de la porte de Versailles, à Paris
Alain Nègre, architecte et directeur de l’agence Valode & Pistre.
• Le « bâtiment-arbre » à Turin, une résidence écologique au coeur de la ville Luciano Pia, architecte en Italie.
• La flore en milieu urbain : logements bioclimatiques à Chantepie et à Bruz
Pierre Champenois, Champenois Architectes
La conférence était animée par Bertrand Lemoine, architecte, ingénieur et historien.
Retrouvez l’intégralité de la conférence sur www.construiracier.fr
Écologue urbain, et grand témoin de la conférence, Tolga Coskun s’est interrogé sur la façon dont les écosystèmes peuvent non seulement se maintenir en ville, mais aussi se développer. La nature est une construction sociale et culturelle, il s’est ainsi attaché à définir le concept de biodiversité urbaine. Car le concept pour la ville est plus large et englobe la flore de proximité, les espèces inféodées au bâti, les jardins… Comment appréhender les relations des urbains avec la nature ? Comment ces liens peuvent-ils être renforcés par une approche intégrative de l’urbanisme et de l’immobilier ? Par la réappropriation : les bâtiments doivent en effet accueillir plus de biodiversité (infrastructures vertes, toitures et façades végétalisées, urbaculture…). En clair, adopter une démarche à biodiversité positive reposant sur quatre piliers : mettre l’écologie au coeur du projet, considérer le bâti comme support de vie, multiplier les habitats écologiques et, enfin, reconnecter l’humain à la nature. L’architecte Jean-Loup Patriarche est venu témoigner des multiples atouts de l’architecture métallique au service de la nature en ville. Un authentique dialogue entre le paysage et le bâti grâce au matériau acier dont la légèreté invite à transformer les architectes en jardiniers des villes, comme lors de l’édification du Crystal Palace. Matériau de confiance, solide, il se fait tuteur, tige métallique qui soutient la croissance d’une plante. Élément structurel, il sait mettre en scène le paysage en dialogue avec la nature. Libérateur et générateur de possibles, il sait utiliser l’espace sans en perturber la biodiversité. Comment réaliser la plus grande ferme urbaine d’Europe sur le toit d’une structure qui a le moins de poteaux possible ? C’est toute la démonstration de l’architecte Alain Nègre et du projet du pavillon 6 au parc des Expositions qui intègre la plus grande toiture agricole d’Europe, soit environ 14 000 m2 de surface, comprenant également un bar et une salle événementielle. Quelque 12 700 m2 sont ainsi réservés au paysage comestible, 1 000 m2 aux carrés de culture dédiés aux Parisiens… Un projet dans lequel l’utilisation du matériau acier témoigne de toutes ses performances. À Chantepie, les 87 logements bioclimatiques constituent, selon l’architecte Pierre Champenois, une authentique utopie sociale et écologique. « Ce grand jardin bioclimatique central est autant une machine passive de climatisation qu’un bonheur à vivre partagé par tous. » Imaginé en 2005 avec l’architecte Christian Hauvette et livré en 2012, ce projet de serre fermée qui emmagasine la chaleur en hiver et assure un confort d’été dépasse en effet le paradigme nature/culture. En Italie, enfin, l’architecte Luciano Pia a conçu 25 Verde, une étonnante « maison-arbre » implantée au coeur de Turin. L’ouvrage offre non seulement aux habitants de ses 63 appartements une véritable protection contre la pollution urbaine grâce à ses 150 arbres, mais aussi un rempart contre le bruit et un meilleur apport de lumière en hiver qui permet de réchauffer les intérieurs.