JEAN-MICHEL WILMOTTE

La matière au premier plan

©Jean Grisoni

« Il est aussi délicat, et même parfois plus, de dessiner une chaise que de dessiner un édifice. Le détail, la réflexion sont toujours là,
et c’est certainement cela qui m’a intéressé, ce changement diamétralement opposé de vision, mais en totale cohérence. »

À la tête de W&A (Wilmotte & Associés Architectes), l’une des cinq plus importantes agences françaises d’architecture, Jean-Michel Wilmotte intervient aujourd’hui dans le monde entier, bâtissant au fil de ses projets une œuvre élégante et maîtrisée, dans laquelle l’acier tient une place prépondérante.

S’il est courant de voir des architectes dessiner du mobilier, l’inverse est bien moins fréquent. « J’ai commencé par une école d’archi­tecture en Belgique, mais j’étais quelqu’un d’un peu pressé et je trouvais que les délais entre la conception et la réalisation étaient trop longs, explique Jean-Michel Wilmotte. Il me semblait alors plus intéressant de commencer par l’architecture intérieure et j’ai intégré l’école Camondo. » En 1983, une prestigieuse commande de l’Élysée, l’aménagement des appartements privés de François Mitterrand, fait reconnaître son travail de designer. Très vite pourtant, Jean-Michel Wilmotte revient à sa première vocation et monte une agence d’architecture à Tokyo. Puis il passe en France une équivalence au ministère de l’Équipement et s’inscrit à l’Ordre des architectes. Son passage par le design lui a légué une attention particulière aux détails et aux matériaux.
« Il est aussi délicat, et même parfois plus, de dessiner une chaise que de dessiner un édifice. Le détail, la réflexion sont toujours là, et c’est certainement cela qui m’a intéressé, ce changement diamétralement opposé de vision, mais en totale cohérence. » Cette approche constitue l’une des singularités de son travail. Travail dans lequel la matière est ainsi toujours mise au premier plan. Projets iconiques en acier Interrogé sur ses références architecturales, Jean-Michel Wilmotte cite deux tours hong­kongaises construites à la fin des années 1980, l’une dessinée par Norman Foster (Banque de Hong Kong), et l’autre par Ieoh Ming Pei (Banque de Chine). Deux édifices de verre et de métal « qui ont marqué une époque, chacune dans leur image et dans leur philosophie ». Du métal, il est beaucoup question dans les dernières réalisations de Jean-Michel Wilmotte.
« L’acier est très présent dans nos projets, souligne-t-il. Nous l’utilisons énormément, notamment pour sa rapidité de mise en œuvre, lorsque nous souhaitons mettre en exergue des structures… C’est un matériau très important dans notre travail. Nous réalisons actuellement le centre d’entraînement de l’équipe du Paris-Saint-Germain Football Club, un projet iconique dans lequel nous utilisons beaucoup l’acier. Nous travaillons également sur le réaménagement de la gare d’Austerlitz où nous avons conçu une structure assez étonnante, et sur le projet de la Station F (la réhabilitation d’anciennes halles Freyssinet transformées en campus de startups). C’est l’exemple type de ce que l’on peut faire en métal puisque toutes les salles de réunion sont en acier, toutes les créations de planchers ont été réalisées en structure métallique. » Et la passion de l’architecte se fait davantage communicative encore alors qu’il évoque un de ses derniers projets : « Le siège social d’ArcelorMittal au Luxembourg, un édifice exceptionnel de 54 000 m2 entièrement construit en acier, dont toute la structure est visible. »
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