INSTITUT FAIRE FACES DU CHU D’AMIENS
Faire face(s) au grand paysage
Le centre hospitalier universitaire d’Amiens (Sud) héberge depuis peu l’Institut Faire Faces, centre de recherche à vocation européenne sur la défiguration. Le projet conçu par Architecturestudio se veut l’expression de la complexité que concentre ce bâtiment d’à peine 3 400 m2.
PORTRAIT
Le 27 novembre 2005, le CHU d’Amiens-Picardie pratiquait la première greffe partielle du visage au monde sur une jeune femme défigurée par son chien. La cinquantaine de chercheurs et cliniciens du CHU et de l’université de Picardie Jules-Verne à l’origine des avancées mises en œuvre lors de cette intervention vont d’abord se regrouper au sein de Chimere (chirurgie, imagerie et regénération tissulaire de l’extrémité céphalique), préfiguration de l’Institut Faire Faces inauguré en mai dernier. « Ce bâtiment de 3 400 m2 permet à l’institut de réunir en un seul lieu les ressources humaines, technologiques et matérielles nécessaires pour accélérer les collaborations entre équipes et avancées scientifiques, et mener à bien sa triple vocation de recherche multidisciplinaire, de formation au geste chirurgical et de sensibilisation du grand public au handicap facial. (…) Les domaines de recherche vont bien au-delà de la tête et du cou, avec de larges champs d’application – cosmétique, cancérologie, orthopédie, développement de dispositifs médicaux… – et un très fort potentiel scientifique et économique. »
GREFFE PAYSAGÈRE
Implanté à l’entrée septentrionale du campus, le bâtiment dessiné par Architecturestudio s’intègre minutieusement à la pente de la parcelle faisant face au grand paysage. Depuis le rond-point, l’édifice n’affiche qu’un socle largement vitré et couronné par un étage débordant auquel une multitude de pare-soleil verticaux donnent des allures cinétiques. La déclivité absorbe deux niveaux complémentaires en bonne partie en infrastructure. Dédiée à la formation, la strate inférieure comprend, entre autres, l’auditorium et une vaste halle opératoire de chirurgie expérimentale, éclairée par des baies en imposte, comprenant six tables d’opération disposées autour de celle du maître. Le flux des personnes ne croise jamais celui des animaux, ni celui du matériel. Ouvert sur la nature environnante, le socle accueille lieux d’échanges informels, de présentations et d’expositions. Comme en lévitation, l’étage supérieur sur pilotis métalliques se consacre à la réflexion : laboratoires, bureaux, salles de réunion et bibliothèque. Un soin tout particulier a été apporté à l’optimisation de l’éclairage naturel de toutes ces salles via la conception paramétrique d’un claustra constitué de lames, toutes différentes, insérées entre les consoles acier de la casquette de la toiture et la coursive en caillebotis en métal déployé. Usinées en atelier, ces ailettes se composent d’une ossature en tube acier de section carrée, habillée d’une feuille d’aluminium gaufrée et découpée au laser. Sa mise au point est due à la chercheuse Claire Duclos-Prévet.
- Maîtrise d’ouvrage : CHU Amiens-Picardie
- Architecte : Architecturestudio
- BET : Projex Ingénierie
- Photos : Antoine-Duhamel-Photography