INSTITUT DE L’AUDITION, PARISS

À l’écoute du handicap

« Informer pour prévenir, comprendre pour guérir. » Douze ans après l’ouverture de l’Institut de la vision et à « portée de voix » de celui-ci, l’Institut de l’audition relève à son tour, au 63 rue de Charenton dans le 12e arrondissement parisien, le défi des handicaps sensoriels. Fruit d’un partenariat public-privé réussi, l’ingrat bâtiment de l’École des barreaux fait peau neuve sous la houlette de l’agence VIB. 

En 1909, la manufacture de meubles Krieger installée dans la cour des Bourguignons construit un atelier à structure métallique sur le terrain mitoyen sis 63 rue de Charenton. Dans les années 1950, l’école des avocats réinvestit cette annexe qui, au fil des travaux successifs, plonge dans une forme d’autisme architectural. Cette parcelle profonde de 70 m et d’à peine 16 m de largeur est presque aveugle, hormis sa façade rideau sur rue et deux courettes intérieures. Cette introversion est accentuée par une distribution intérieure labyrinthique. 

VISION D’AVENIR 

Après le rachat par la RIVP, un concours sur esquisse est organisé pour y installer l’Institut de l’audition et accueillir des chercheurs de l’institut Pasteur, de l’Inserm1 et de l’AP-HP2 poursuivant des recherches en neurosciences, ainsi que patients, soignants et public à des fins d’(in)formation et d’orientation. Les fondations Agir pour l’audition et Bettencourt Schueller contribuant de façon importante à son financement. 

Les architectes Bettina Ballus et Franck Vialet développent sur ces 4 160 m2 un programme sur mesure superposant des locaux techniques et une animalerie gagnés en infrastructure ; une banque d’accueil, un atrium, des locaux associatifs et un auditorium de 160 places à rez-de-chaussée ; quatre étages de bureaux côté rue et de laboratoires sécurisés de classe 1 et 2 sur cours. Un travail tout particulier a été consacré à la conception de celles-ci afin d’y faire à nouveau entrer la lumière naturelle. La première a reçu une verrière épurée afin de la transformer en lumineux atrium attenant à l’accueil. La seconde ceint de verre et d’inox poli miroir un jardin verdoyant installé en couverture partielle de l’auditorium. Dans le respect des normes incendie, l’ensemble des circulations a été intégralement redistribué, les escaliers ayant été réduits à deux cages dont celle en fond de parcelle desservie par un couloir pompiers. 

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1
Institut national de la santé et de la recherche médicale
2 Assistance publique-Hôpitaux de Paris 

CELLULES D’ÉCOUTE 

Mais c’est surtout sa nouvelle façade sur la ville qui fait sensation auprès des riverains et des passants. L’ensemble des poteaux métalliques originels a disparu au profit de bandeaux-poutres en béton de mur à mur, faisant allège dans les locaux administratifs qui s’y déploient à l’arrière. Des hexagones asymétriques assemblés jointivement à la façon d’un épithélium constituent le « derme » extérieur de cette double peau d’autant plus spectaculaire que l’épaisseur de ses cellules varie de 20 à 60 cm. Initialement conçus en aluminium, leurs cadres ont finalement été réalisés en pliant en deux une tôle d’acier inox, des patins étant interposés entre eux pour ventiler naturellement cet entre-deux. Préfabriqués en atelier deux à deux (verticalement), ils ont été boulonnés sur place à l’aide d’un petit treuil. Les vitrages ont été posés dans un second temps, tandis que quelques réglettes de Led scénarisent lumineusement, la nuit tombée, cette transparente carapace reptilienne !

Maîtrise d’ouvrage : Régie immobilière de la ville de Paris (RIVP)
Architectes : Bettina Ballus et Franck Vialet, VIB Architecture 

©VIB
Photo : Daphné Engel/VIB
Une verrière épurée laissant entrer la lumière naturelle. ©VIB
Un programme sur mesure tout en lumière réfléchie. ©VIB
Le patio, ceint de verre et d’inox. ©VIB
Photo : Luc Boegly
Des hexagones asymétriques constituent le derme extérieur de cette double peau. ©Daphné Engel/VIB