GROUPE SCOLAIRE MIRIAM-MAKEBA À NANTERRE
Entre ciel et terre
De jour comme de nuit, la vêture en inox qui habille les façades fait figure de parure scintillante qui allège et enrichit l’édifice.
À Nanterre, au cœur d’un quartier en pleine mutation, le groupe scolaire Miriam-Makeba, réalisé par l’atelier TOA Architectes Associés, s’impose comme une vraie réponse aux enjeux écologiques. Devant le souhait innovant de la Mairie de s’ouvrir à des matériaux alternatifs autres que le bois, les architectes ont choisi des matériaux recyclables : la terre crue et l’acier inoxydable.
Inscrit dans un tissu urbain dense, le complexe est cerné par les cités des Provinces françaises et Marcelin-Berthelot, des opérations conséquentes de 2 500 logements sociaux qui, bâties de 1956 à 1958, sont peuplées de tours et de barres. Ces deux ensembles se sont trouvés par la suite enserrés entre des voies ferrées, un boulevard circulaire et le talus du métro (RER) mis en place après 1970, des éléments d’infrastructure qui ont généré des ruptures prégnantes dans le tissu urbain. Dans ce contexte de verticalité, la préfecture des Hauts-de-Seine domine le site. Édifiée en 1972 par l’architecte André Wogenscky, cet édifice public monumental, repérable de loin dans le paysage avec sa tour de 113 m de hauteur, jouxte presque l’école et instaure, de fait, une rupture d’échelle. Un défi que les architectes ont relevé en prenant le parti de déployer l’école à l’horizontale sur 4 050 m² (surface de plancher) et de créer ainsi un contrepoint marquant.
DES MATÉRIAUX RECYCLABLES
Pour la construction de ce nouvel équipement éducatif, la Mairie de Nanterre souhaitait insuffler au projet les derniers préceptes de développement durable ayant cours et développer une démarche de haute qualité environnementale (HQE), désormais incontournable. Cette commune est en effet réputée pour sa détermination, depuis longtemps, à engager des innovations dans les domaines de l’architecture et de l’environnement, et fut l’une des premières villes françaises à se pourvoir d’un Plan Climat Énergie, il y a une dizaine d’années. Aussi l’école a-t-elle été imaginée comme un bâtiment à énergie positive (Bepos), c’est-à-dire produisant plus d’énergie qu’il en consomme, avec des choix technologiques guidés par une approche bioclimatique
globale, sous-tendue par une réduction notoire des consommations d’énergie. La municipalité ayant incité l’équipe de conception à employer des matériaux alternatifs, autres que le bois, les architectes de TOA ont opté pour des matériaux recyclables, comme la terre crue (ou pisé) pour bâtir les murs intérieurs et de ceinturage de l’ouvrage, et l’acier inoxydable. La filière de récupération et de recyclage est parfaitement maîtrisée, et 100 % de l’inox récupéré est recyclé. Contrairement à d’autres matériaux, l’inox ainsi obtenu a des caractéristiques et des performances identiques à celles d’un inox qui ne serait pas issu de la filière de recyclage.
UNE PARURE D’INOX SCINTILLANTE ET PÉRENNE
Le dispositif écologique préconisé consiste en un panel de solutions techniques adéquates : pénétration abondante de lumière naturelle dans les locaux, production de chaleur (chauffage et eau chaude sanitaire) assurée par une chaufferie bois à granulés, toit-terrasse végétalisé et revêtu de panneaux photovoltaïques pourvoyeurs d’électricité, système de mur-trombe installé dans les salles de classe pour la ventilation naturelle des espaces, en mi-saison. Selon les architectes, « le complexe scolaire est ancré au sol par son fondement et suspendu au ciel par l’immatérialité de sa vêture en inox ». Car l’autre matériau omniprésent dans le projet est incontestablement la vêture en inox qui habille les façades de l’ouvrage. L’utilisation de l’acier inoxydable, durable et inaltérable, est un travail d’orfèvre. À partir de bobines d’épaisseur 0,5 mm déroulées, des lés verticaux ont été découpés sur mesure, suivant le calepinage de l’architecte, avant d’être profilés et sertis entre eux. Leur largeur varie de 400 mm sur cour à 430 mm sur rue environ, et leur hauteur de 1 m à plus de 6 m. Posés à joint debout, les bacs inox ont été fixés, via des pattes en inox, sur un support en voligeage de bois, arrimé par des équerres au mur en béton, lui-même muni d’un isolant (extérieur). Qu’il soit toute hauteur ou surmontant un mur de pisé, ce bardage tramé fait figure de parure scintillante et aérienne qui allège et enrichit l’édifice.
Maître d’ouvrage : Ville de Nanterre
Architectes : Toa Architectes Associés (mandataire)
Photos : Frédéric Delangle