GARE ÉOLE DE LA PORTE MAILLOT, PARIS

Voyage au centre de la Terre

Une cathédrale souterraine douchée de lumière naturelle grâce à l’acier et une couverture de verre.

Nœud (gordien) de circulation(s) sur le célèbre Axe majeur parisien, la porte Maillot a été entièrement réaménagée afin de permettre le prolongement du tram T3 entre les portes d’Asnières et Dauphine et l’extension d’Éole jusqu’à La Défense. Bien que situés à 28 m de profondeur, les quais de la nouvelle gare du RER E sont douchés de lumière naturelle grâce à l’acier et à une couverture de verre !

Le parvis du palais des Congrès.
Puits de lumière et multitude d’escaliers mécaniques.

A la suite de la disparition du problématique giratoire et de son impressionnant terre-plein planté mais inaccessible, les impériales avenues de la Grande Armée et Charles de Gaulle – sous lesquelles circule la ligne 1 du métro – ont retrouvé leur majestueux alignement originel. Un demi-siècle après sa construction[1] et trente-cinq ans après son extension[2], le Palais des Congrès de la capitale y gagne un généreux parvis. En bonne partie végétalisé, il est bordé côté voierie par un plancher de verre de 120 m de long par 10 m de large que finalise un édicule verrier hébergeant l’accès ouest (Neuilly) à la station d’Eole.

CATHÉDRALE SOUTERRAINE

Initialement conçu pour être provisoire, la seconde entrée côté Paris abrite ses ascenseurs vitrés, ses escalators et ses escaliers sous une structure métallo-textile immaculée constituée de tubes ronds acier articulés en tête et en pied. De 56 mm d’épaisseur dont 6mm de couche d’usure et équipées de pastilles antidérapantes de corindon de verre, les dalles de verre extra clair du parvis repose sur une résille à liernes de béton très armé en appui sur des poutres PRS. Sous ce plancher de verre, une faille de 73 m x 13 m a été creusée à ciel ouvert jusqu’à 28 m de profondeur (niveau de la mer). Si le hall côté Paris a été gagnée sur la partie sud du parking du Palais des Congrès, la trémie s’adosse aux niveaux inférieurs de ce dernier et à la station Porte Maillot de la ligne 1 du métro d’où la complexité de sa réalisation. L’apparence rocheuse de la paroi moulée dès le démarrage du chantier pour protéger la galerie du métro est encore visible sur une des coursives de correspondance. De spectaculaires butons en acier ont permis de reporter les poussées latérales du côté du Palais des Congrès : une fois démontés les butons provisoires, la nef ainsi crée en dénombre encore 24 horizontaux et 4 inclinés réalisés en caissons PRS livrés soudés dont la section augmente plus on s’enterre, de 50 x 50 cm jusqu’à 120 x 120 cm. Outre cet enchevêtrement d’éléments structurels, ce puits de lumière pyramidal est parcouru d’une multitude d’escaliers mécaniques qui s’engouffrent dans des galeries gainées d’aluminium latéralement perforé aux fins d’éviter toute impression de claustrophobie aux voyageurs durant la minute d’ascension. Le confort acoustique des utilisateurs est assuré par un parquet en bambou huilé recouvrant les quais (rames de 125 m linéaires), le bois des bancs et le béton de fibre ajouré des parois verticales. De même, des voiles rouges phoniques revêtent les plafonds des coursives, des circulations et des halls supérieurs. Constitués de deux nappes de LEDs (orientés vers le haut et vers le bas), des lustres éclairent les grands volumes centraux des quais. Les halls d’accès depuis l’extérieur sont équipés de suspensions évoquant d’anciennes lanternes parisiennes.

Neuilly-porte Maillot, coupe longitudinale.
Neuilly-porte Maillot, coupe transversale.
La Défense-Grande Arche, coupe longitudinale.
La Défense-Grande Arche, coupe transversale.
Une gare conçue pour accueillir dans les meilleures conditions un flux de plus de 30 000 voyageurs quotidiens et pour garantir des connexions aisées avec les lignes 1 du métro et C du RER.

[1] Guillaume Gillet, Henri Guibout, Yves Betin et Serge Maloletenkov architectes
[2] Christian de Portzamparc

● Maître d’ouvrage : SNCF Réseau
● Architectes : groupement SED (Setec-Egis-Duthilleul)
● BET structure métal : Egis; Arep (sous-traitant)
● Photos : Didier Boy de la Tour