ESPACE MAYENNE À LAVAL

Au plus juste

Difficile d’imaginer de prime abord que l’Espace Mayenne, aux portes de Laval, abrite, sous sa voluptueuse coque immaculée, une salle de sport et de spectacle de 4 500 places, un gymnase polyvalent avec mur d’escalade pouvant accueillir jusqu’à 2 200 spectateurs lors de compétitions internationales et une salle de congrès de 500 fauteuils. Seul l’anneau cycliste extérieur de 250 m lève le voile sur l’objet du complexe.

L’anneau cycliste extérieur lève le voile sur l’objet du complexe. Photo : André Morin
Photo : André Morin

Initié dès 2011 par le Conseil départemental de la Mayenne, cet équipement multifonctionnel a dû attendre le changement de municipalité à Laval en 2015 pour vraiment prendre son envol. Ses 15 100 m2 ont ainsi pu investir un ancien terrain militaire – en lisière de la rocade nord – où subsistaient, au sud, des vestiges de l’ancienne structure bocagère, quelques grands chênes ainsi qu’une zone humide servant au tamponnage des eaux pluviales qu’Isabel Hérault et Yves Arnod, les Lauréats du concours d’architecture, ont souhaité conserver.

COMPACITÉ CONCEPTUELLE… ET FORMELLE

Habitués de la complexité des équipements culturels et/ou sportifs, les concepteurs savent que l’organisation en plan et en coupe couplée à la relation étroite avec le site et ses caractéristiques priment sur la forme. « Le plan du bâtiment est, ici, très compact ; nous avons articulé les trois salles de la façon le plus efficace possible, observe Isabel Hérault. Dans les interstices, sont placés les vestiaires, les bureaux, les différents halls, les circulations. L’ensemble est enveloppé dans une façade courbe qui tient et contient le bâtiment au plus proche des volumes utiles dans l’optique d’une économie du sol. » Afin de limiter l’impact visuel du gymnase et de la salle de sport et de spectacle (respectivement 16 m et 11 m de hauteur), la construction a été décaissée de 4 m, les terres ont été récupérées pour remodeler le terrain et son vélodrome de plein air. « Cette forme organique n’est pas un geste, mais la conséquence d’un processus qui articule les trois salles sur un terrain qui a sa particularité, complète Yves Arnod. Le hall d’accueil vient se glisser sous le bâtiment, c’est un espace souple qui distribue les éléments du programme et offre une lisibilité immédiate. Les deux niveaux de rez-de-chaussée – dispositif fréquent à l’agence pour ce type d’équipement – permettent la gestion des différents flux. »
Le niveau supérieur accueille le public qui accède aux salles par le haut de sorte à les appréhender « théâtralement » dans leur globalité. Réservé aux utilisateurs, sportifs, artistes et techniciens, celui du bas est de plain-pied avec l’aire de livraison du côté de la rocade.

SUPPORTS SURFACES

« C’est un volume avant d’être une façade (…) La peau qui sertit le bâti est constituée de trois bandes super­posées qui partent du mur d’escalade en frontalité verticale et se déforment pour envelopper le volume au plus près.
Ces trois rubans – subdivisés par des diagonales – s’enroulent autour, faisant naître fluidité, unité et mouvement. » À force d’optimisation conceptuelle, ce monolithe se révèle être une surface réglée, réalisée à partir d’un seul format de clin (500 x 2 000 mm) de tôle métallique thermolaquée 20/10, microperforée pour le ruban médian assurant ainsi la ventilation des équipements techniques qu’il abrite et dissimule. Si la structure générale est en béton, des poutres-treillis en acier constituent la charpente incorporant des puits de lumière pour la salle d’escalade et intégrant le gril de celle de spectacle. Une ossature en tubes carrés supporte le reste de l’enveloppe, à l’origine de généreuses galeries techniques ventilées !

Un bâtiment dont la perception change constamment, selon le point de vue. Photo : André Morin
Une haie bocagère de chênes contre laquelle le bâtiment vient se lover. Photo : Cyrille Weiner
Le mur d’escalade et ses puits de lumière. Photo : Cyrille Weiner
Photo : André Morin
Des poutres-treillis en acier constituent la charpente incorporant des puits de lumière pour la salle d’escalade et intégrant le gril de celle de spectacle. Photo : André Morin
  • Maître d’ouvrage : Conseil départemental de la Mayenne
  • Maître d’œuvre : Hérault Arnod Architectures
  • BET : Batiserf (structure)
  • Entreprise serrurerie/métallerie : Ateliers David