5e TROPHÉES EIFFEL, LAURÉAT CATÉGORIE HABITER
DOCK G6 ET RADISSON BLU HOTEL À BORDEAUX
Renouer avec l’esprit des lieux
À Bordeaux, la dalle portuaire des Bassins à flot accueille Dock G6, un complexe unique intégrant l’hôtel Radisson Blu. Implantée dans une friche industrielle, cette mégastructure métallique dialogue en toute subtilité avec le patrimoine portuaire de la ville.
Maîtrise d’ouvrage : Redman
Architecte : King Kong, atelier d’architecture
Bureau d’études structure : Terrell
Photos : Arthur Péquin
Dock G6 s’implante sur la dalle portuaire des Bassins à flot, à Bordeaux, le long de la promenade et de la rue Lucien-Faure qui prolonge le pont-levant Jacques-Chaban-Delmas. Avant que l’Agence Nicolas Michelin et Associés ne définisse le programme d’aménagement d’ensemble (PAE) en 2010, la dalle portuaire était un site industriel constitué de hangars, de formes de radoub, d’une base sous-marine, de grues. La palette des matières brutes, riche et plurielle, participe d’un univers qu’il convient de requalifier sans en oublier l’essence. L’identité architecturale du projet prend la forme d’un exosquelette habité qui dialogue avec le genius loci. Bénéficiant d’une large visibilité, Dock G6 se distingue des immeubles avoisinant par sa volumétrie : typologie, forme et hauteur paraissent hors système.
Le programme, la surface et les grands principes architecturaux avaient été définis avant les autres projets.
Le PAE préconisant des séquences irrégulières dans la nouvelle skyline, le gabarit était cohérent avec le schéma urbain. L’architecture, la forme, la matérialité, la couleur bronze et la mixité de programmes respectent les prescriptions. L’ossature lisible en façade confère à Dock G6 l’image d’un bâtiment industriel.
Une résille métallique pour l’intimité
En façade, la composition de la trame réunit deux par deux les deux niveaux du socle et les deux premiers niveaux des chambres pour gommer l’effet d’empilement. La notion de maille, de filet, étant très présente dans le projet, une résille métallique enveloppe l’intégralité du bâtiment vitré pour conférer une intimité aux espaces. À l’est, la façade sur la rue présente une balafre oblique qui matérialise la rampe d’accès au parking. La sous-face est revêtue d’un inox poli miroir. Le cinquième étage, en retrait, libère une terrasse de type deck en belvédère. Plus évanescent, l’attique accueillant les suites prolongées par des terrasses individuelles est couronné par le sucre, émergence parallélépipédique.
La construction occupe l’intégralité de la parcelle de manière à créer des espaces – hall d’entrée traversant, restaurant, chambres, salles de réunion, bureaux, terrasses – très largement dimensionnés et ouverts sur la ville ou le bassin. Le parking est suspendu au cœur de l’édifice. Autour, les circulations desservent trois niveaux de chambres, logées en périphérie pour bénéficier de larges vues. Elles s’apparentent aux sentes paysagées qui traversent l’ensemble du quartier et finissent aux quatre points cardinaux par un vitrage afin d’offrir des perspectives et de bénéficier d’un éclairage naturel. Le principe d’exosquelette permet de réduire les refends porteurs pour libérer de vastes plateaux modulables dans le temps et l’espace. Au-delà de la générosité spatiale, il faut voir, dans ce principe constructif, une volonté récurrente d’offrir des espaces polyvalents.