CRÉMATORIUM DE CORMEILLES-EN-PARISIS
Une architecture de transition
Les deux disques de verre et d’inox poli miroir réfléchissant la nature alentour, conçus par Anne-Charlotte Zanassi et Dominique Vitti pour le crématorium de Cormeilles-en-Parisis, cadrent symboliquement, sans aucune référence religieuse, le passage de la Terre à l’Au-delà, « du monde de l’angle droit du quotidien » à celui de l’infini.
ESSENCE RITUELLE DE L’ARCHITECTURE
Plan01, collectif d’architecture cofondé par Atelier Philéas, s’était fait connaître du grand public en 2009 avec le crématorium de Rennes Métropole, constellation de cylindres bardés de bois, de laiton et de verre. Même signature en 2015 pour celui de la Métropole d’Amiens aux parois de béton matricé et menuiseries dorées. Cinq ans plus tard, Anne-Charlotte Zanassi et Dominique Vitti prolongent seuls, mais à moindre échelle, à Cormeilles-en-Parisis, la réflexion sur ce type de programme « porteur de tant d’émotions, de richesse humaine et culturelle, mais aussi d’autant d’écueils et de risques, où, par sa disparition, la vie apparaît dans toute sa puissance ». Le parti architectural retenu se veut un lieu « omniculte », ouvert à la libre interprétation et à l’appropriation par chacun, « un symbole destiné à devenir, dans l’imaginaire collectif, l’image d’une sacralité laïque de portée universelle ». Une fois encore, la thématique du cercle s’est imposée. Métaphore du commencement et de la fin, cette figure géométrique « parfaite » évoque aussi la cellule biologique, les constellations stellaires, la morphologie de certains sites mortuaires primitifs.
La fonction rejoint le sacré dans ce plan graphique entièrement contenu dans un cercle où l’accès du défunt et des familles sont diamétralement opposés de part et d’autre de l’espace d’introduction à la création au centre.
UN PROJET MIROIR
« Ici, la texture du projet n’est pas une matière ou une couleur, mais le paysage lui-même », qui, par fusion avec le bâtiment miroir, paysage l’architecture. Les reflets instables de la végétation et du ciel sur le bardage en inox poli miroir participent à l’effacement des repères du quotidien. De même, toute la technique (portail d’accès des services funéraires, porte d’entrée, exutoires, poignées de porte, interrupteurs électriques) disparaît pour ne révéler que deux cylindres argentiques en osmose avec la nature refusant d’interférer dans cet espace-temps unique et intime des familles. Haut de 6 m à l’acrotère, le plus grand des deux cylindres fait rayonner en périphérie l’accueil, deux salles de cérémonie, des salons, l’administration, des patios et l’aire de réception des véhicules funéraires, son centre abritant les dispositifs de crémation. À l’exception de ce noyau central en béton, la structure est constituée de murs à ossature bois, de poteaux et de poutres en lamellé-collé GL28h. Dédié à la réception des participants, son satellite, plus petit, est entièrement charpenté en bois, sa hauteur étant limitée à 4,50 m. Décomposée en arcs, leur façade est constituée de bardage en inox poli miroir de 4 mm d’épaisseur et de panneaux en mur-rideau vitré à menuiseries en aluminium thermolaqué, présentant un calepinage redécoupé horizontalement (joint creux de 2 cm) et décalées du sol de 5 cm, les bardeaux hauts faisant couvertine. Un soin tout particulier a été apporté en coordination étroite avec le lot menuiseries extérieures.
- Maître d’ouvrage : La compagnie des crématoriums, groupe Generys
- Architecte : Atelier Philéas
- BET : Scoping (TCE)
- Photographe : Antoine Mercusot