LA COUVERTURE RÉTRACTABLE
DU COURT PHILIPPE-CHATRIER

Nouveaux horizons…
au stade Roland-Garros

Court Philippe-Chatrier, Roland-Garros 2020, Photo : Christophe Guibbaud / FFT

En concourant à élargir les plages horaires des matches, nocturnes comprises, la couverture rétractable du court central Philippe-Chatrier – conçue par Daniel Vaniche et Vincent Dominguez (DVVD) – permettra d’accueillir 150 000 visiteurs supplémentaires à chaque tournoi. Résultat d’un vrai défi technologique… relevé. 

INDISPENSABLE REMISE À NIVEAU 

Les « Mousquetaires » ayant remporté la coupe Davis en 1927, la France doit organiser la finale de l’année suivante. Pour ce faire, un nouveau stade de tennis est construit près de la porte d’Auteuil, baptisé du nom de l’aviateur et grand sportif mort en combat aérien dix ans plus tôt. Constitué initialement du seul court central, il en compte désormais 24 depuis son extension validée en 2014 (+ 4 ha sur les serres d’Auteuil voisines) et la livraison du court Simonne-Mathieu en 2019. 

En retard en matière d’installations par rapport aux autres tournois du Grand Chelem, ce programme de modernisation globale comprenait aussi la rénovation du court central – étalée sur trois ans et lancée dès juillet 2018. Près de 80 % de ses gradins furent déconstruits afin d’offrir des tribunes plus larges et plus hautes (+ 8 m) visant essentiellement à améliorer la visibilité des spectateurs (à peine 314 places supplémentaires) et à développer de nouvelles aménités sous les gradins (centre médias, espaces de restauration…). Ces deux premières tranches de travaux devaient également mettre en oeuvre les structures nécessaires à la réalisation d’une couverture rétractable. Envisagée dès 2009, elle avait fait alors l’objet d’un concours d’idées remporté par les agences DVVD et ACDG. Initialement prévue démontable, celle qui a finalement été mise en service cet été est permanente. 

DE MULTIPLES CONTRAINTES 

La Fédération française de tennis, son commanditaire, avait établi un cahier des charges particulièrement exigeant, à commencer par la conservation de l’ambiance d’un court de plein air afin d’allier sports et détente. Cependant, il importait de se mettre à l’abri des interruptions dues aux intempéries ou à la tombée de la nuit sans pour autant créer d’ombres inopportunes nuisant aux retransmissions télévisées. Aujourd’hui, lorsque la toiture est fermée, son éclairage artificiel intégré compense les apports du soleil. De même, il fallait garantir une diffusion homogène de la lumière naturelle d’où la toile translucide tendue en extrados et en intrados de la voilure. Elle concourt également à la légèreté – relative – de l’ensemble (de 252 à 320 t par aile). Se déplaçant sur un chemin de roulement horizontal de part et d’autre du court, en haut des tribunes est et ouest, les bogies obturent le stade en à peine 12 minutes. En position ouverte, chaque aile s’encastre dans la précédente – son pare-pluie vertical étant articulé – pour former un auvent au-dessus des gradins nord, donc sans ombre projetée sur la terre battue. La qualité de cette dernière dépendant des ambiances aéraulique et climatique, la porosité homogène de la couverture contribue à réguler la température tout en gommant les effets indésirables du vent. De même, une toile de verre doublée d’une couche de laine de roche en intrados assure de bonnes performances en matière d’absorption acoustique. 

Résolument contemporain et innovant, le projet devait néanmoins respecter l’histoire du site et de l’édifice. Si la surélévation affirme la primauté du court central dans l’enceinte, les douze ailes identiques entoilées d’une centaine de mètres de portée font référence à celles du biplan que pilotait, en son temps, Roland Garros. 

L’ACIER EN DÉMESURE 

Les ailes se composent des éléments suivants : 

• une poutre-caisson principale en acier portant sur 101,85 m – travaillant à la flexion verticale (poids propre) et horizontale (vent) ainsi qu’à la torsion – encastrée à ses deux chariots ; 

• des nervures en ailes d’avion en profilés acier reconstitués, soudés, espacés de 4,08 m et fixés au droit des raidisseurs des caissons ; 

• des compas articulant deux cadres en tubes rectangulaires légèrement courbes à fin de repliement ; 

• un bec de contreventement – système en treillis de 1 m de hauteur formant le bord de fuite des ailes. 

Fractionnées en sept tronçons d’environ 15 m, ces dernières ont été assemblées sur place avant d’être manipulées par deux grues. 

Les poutres-caissons principales reposent ponctuellement sur des bogies se déplaçant sur les poutres de roulement (double caisson en acier filant équipé de crémaillères) qui prennent appui sur les parties en console des gradins des tribunes est et ouest, et que soutiennent, aux extrémités nord, des poteaux en acier haute résistance. 

Maître d’ouvrage : Fédération française de tennis
Architectes : DVVD ; ACD Girardet & Associés (architectes du court central) ; DVVD Ingénieurs (concepteurs structure) 

Photo : DVVD
Photo : DVVD
Photo : Christophe Guibbaud/FFT
Photo : DVVD
Installation du Toit, Court Philippe-Chatrier, Stade Roland-Garros, Photo : Christophe Guibbaud / FFT
Photo : DVVD Photo : Christophe Guibbaud/FFT Inspirés du biplan de l’aviateur Roland Garros, les éléments de la toiture ont été travaillés comme une aile d’avion, aussi bien dans leur forme et leurs matériaux que dans leur structure. ©DVD
Coupe axonométrique longitudinale de la toiture rétractable. ©ACD Girardet & Associés
Déployable en 15 minutes et couvrant une surface d’un hectare, la toiture permettra d’éviter les interruptions de matchs liées aux intempéries. Photo : DVD
Court Philippe-Chatrier, Roland-Garros 2020, Photo : Christophe Guibbaud / FFT
La couverture rétractable du court central Philippe-Chatrier permettra d’accueillir 150 000 visiteurs supplémentaires à chaque tournoi.Photo : DVD