Christophe Bonhomme
L’engagement et le collectif pour valeurs
A 60 ans, Christophe Bonhomme dirige au sein du groupe familial Bonhomme, implanté à Montélier dans la Drôme, l’activité de l’entreprise Bonhomme Bâtiments Industriels. Président de l’Union des Métalliers depuis le mois de juillet dernier, il porte haut les valeurs de l’engagement et du collectif pour relever les défis de la métallerie et de la construction métallique de demain.
Quel est votre parcours ?
Je viens d’un milieu agricole. Agriculteur, Maurice Bonhomme, mon père, après avoir quitté le berceau familial de l’Ardèche dans les années 50, s’est installé dans la Drôme en tant que mécanicien agricole. Il a créé sa propre entreprise en 1963, une activité de mécanique d’engins agricoles et poids lourds. Les mécaniciens agricoles sont en fait les descendants des maréchaux ferrants. Ce sont eux qui travaillaient le métal et, par exemple, fabriquaient les charrettes. Avec son frère, salarié de cette toute jeune entreprise, mon père concevait des bâtiments agricoles, des hangars, des équipements de serrurerie-métallerie pour ses clients agriculteurs. Voilà, comment le métier est venu. J’ai intégré l’entreprise en 1984 avec un DEUG de physique décroché après mon bac technique. Ma formation n’avait strictement rien à voir avec l’activité mais j’avais fait du dessin technique et dessinais assez facilement les plans des charpentes que mon père. J’ai alors développé la partie Bâtiments. Mon frère nous a rejoint un an et demi plus tard et nous nous sommes associés à 50/50. Lui a développé la partie Automobile de l’entreprise. Le groupe Bonhomme Père et Fils était né, fondé sur deux métiers différents : Bonhomme Automobiles et Bonhomme Bâtiments industriels. Le point commun : la mécanique agricole. L’activité mécanique a muté vers l’automobile et celle de la charpente agricole vers la construction métallique.
Vous êtes donc dirigeant de Bonhomme Bâtiments Industriels, quelle est l’activité de l’entreprise ?
Notre activité, c’est la construction métallique et le bâtiment d’activités. Avec quelque 150 collaborateurs dont un bureau d’études intégré de 13 personnes, nous fabriquons 4 000 tonnes de charpentes par an. Mon père nous ayant transmis l’écoute des besoins des clients, nous avons rapidement été incités à leur offrir des accompagnements globaux, des bâtiments tous corps d’état. Nous proposons ainsi des bâtiments clé en main qui représentent une grosse partie de notre chiffre d’affaires. Parallèlement nous avons monté deux filiales : Bonhomme Métallerie qui regroupe une vingtaine de salariés et conçoit la métallerie fine comme des escaliers de bureaux, la menuiserie acier, coupe-feu ou alu et PAS26, une structure en association avec l’entreprise Pagnoux, dédiée aux menuiseries aluminium.
Pourquoi l’Union des Métalliers ?
L’engagement et le collectif s’inscrivent pleinement dans mes valeurs. En fait, cela fait 16 ans que j’ai rejoint l’Union des Métalliers. J’ai d’abord œuvré avec mes confrères à la FFB Drôme Ardèche puis j’ai été élu président de la section Métallerie. C’est là que j’ai vraiment appris à travailler et collaborer en collectif pour la profession. J’ai fait mes armes dans le syndicalisme. Puis j’ai rallié l’Union des Métalliers au sein d’une commission technique dont j’ai pris la présidence. Franck Perraud, président de l’Union des Métalliers jusqu’en 2023 étant sur le départ, il m’a alors été proposé de lui succéder. Ce mandat de président qui m’a été confié le 5 juillet 2023 est en fait arrivé au bon moment. Maxime, mon fils a pris sa place au sein de l’entreprise et en est désormais le directeur opérationnel. De quoi me permettre de prendre de la hauteur et de pouvoir donner du temps à l’Union des Métalliers.
En tant que Président, quelle est votre feuille de route ?
L’union des Métalliers représente 3 400 entreprises et 44 000 salariés environ. Un grand nombre de ressortissants, donc, et énormément de petites entreprises. Ce qui m’a toujours passionné, c’est de maintenir la diversité de nos entreprises. Parce qu’il regroupe les ferronniers, les menuisiers aluminium, les charpentiers métalliques, certains ressortissants qui ne sont que poseurs et d’autres essentiellement fabricants, notre métier est très complexe à identifier. Nous souffrons en effet d’une image un peu brouillée. Et nous sommes en permanence contraints d’expliquer ce qu’on fait exactement quand on est métallier !
Le volet promotion de ce métier en devient problématique. C’est la raison pour laquelle nous avons énormément travaillé avec mes prédécesseurs sur ce dossier de l’attractivité de nos métiers. Comment travailler l’image de la profession pour aller à la rencontre des jeunes et les faire venir dans nos formations.
Cette année, j’ai souhaité la création d’une commission supplémentaire : la promotion des métiers qui, jusqu’à présent, était assurée par la commission formation et la commission communication. Avec cette nouvelle structure, nous travaillons notamment sur le concours Métal Jeunes qui, depuis 25 ans, vise à valoriser le travail du métal auprès des jeunes et de leur faire découvrir ses mille et une facettes techniques et esthétiques. Il leur permet d’exprimer leur talent, d’appliquer leurs connaissances tout en donnant libre cours à leur imagination.
Même volonté pour les World Skills, une compétition internationale des métiers ouverte aux jeunes professionnels de moins de 23 ans, en activité ou en formation et qui a pour objectif de mettre en avant les jeunes, les métiers et les territoires.
Le deuxième axe fort est celui de la proximité avec les petites entreprises réparties sur l’ensemble du territoire. Nous souhaitons être présents et à leurs côtés pour leur dévoiler toutes les ressources sur lesquelles s’appuyer.
Mon mantra : être le plus utile possible pour les ressortissants. A nous donc de travailler nos priorisations, de challenger nos outils pour en appréhender le réel bénéfice pour nos ressortissants. Ce qui m’anime depuis longtemps, c’est le travail en transversal collectif et collaboratif.
On a réussi avec le CTICM, le SCMF, l’Enveloppe Métallique du Bâtiment et l’ESA à bâtir la Maison de la Construction Métallique. Une structure essentielle parce qu’on était peut-être la seule filière à ne pas fonctionner justement en filière. Nous portons désormais ensemble les sujets notamment ceux des normes (la 1090). La Maison de la Construction Métallique est toute jeune, elle a moins de six mois, et réalise déjà un sacré boulot ! J’en suis très heureux et souhaite vraiment contribuer à la réussite de ce projet.
A vos yeux, quel est l’avenir de la construction métallique et de la métallerie ?
Le métal, et j’en suis intimement convaincu, est le mieux adapté pour l’avenir de la construction. Face au défi environnemental, et notamment à la réduction du foncier, le matériau offre de réelles solutions constructives. Et qu’il s’agisse de rénovation, de réhabilitation, de modification de bâtiments existants, de changements de destination ou encore de requalification des friches, le métal est à chaque fois le mieux placé en termes de construction et de créativité. Avec l’acier, nous devrions donc avoir de beaux jours devant nous ! A condition toutefois de pouvoir convaincre les architectes, les urbanistes et les AMO. Pour y parvenir, nous avons besoin de travailler en filière. Il nous faut porter toute la puissance de ce message en rendant visibles, par exemple, nos impacts carbones. Il en va ainsi pour le réemploi, premier sujet que la Maison de la Construction Métallique a pris à bras-le-corps. Et paradoxalement, les premiers interlocuteurs que nous avons du mal à convaincre, ce sont nos entreprises ! A nous encore de trouver des solutions pour pouvoir proposer une offre cohérente. Je crois sincèrement qu’il n’existe pas de réussite individuelle, tous les succès sont collectifs. On ne peut gagner que si on est tous ensemble !