CENTRE AQUATIQUE LA CALINÉSIE À LIBOURNE
Quand Libourne met de l’eau dans son vin
Bastide portuaire anglaise fondée en 1270 à la confluence de l’Isle et de la Dordogne, Libourne est née des eaux. Mais sa renommée se construisit sur la richesse des vignobles la ceinturant (Pomerol, Saint-Émilion et Fronsac). Sur les berges orientales du lac des Dagueys, le tout récent centre aqualudique La Calinésie lui offre désormais un lieu supplémentaire de destination !
Un vaste projet durablement réfléchi
Porté par la Communauté d’agglomération du Libournais (Cali) et exploité en régie, ce projet de 4 637 m2 est un des plus grands de France et, surtout, un des plus vertueux énergétiquement. Il émane de l’agence rouennaise AP-MA Architecture, dirigée par Jean-François Périnet-Marquet, auteur, depuis 2002, de près d’une centaine de piscines. L’embarquement s’y fait par une grande rampe-passerelle menant à l’étage, dont le hall d’accueil traversant, prolongé par un généreux belvédère, laisse entrevoir tous les bassins. Hormis l’administration, ce niveau héberge l’espace bien-être comprenant deux bassins – balnéoludique (en terrasse) et nordique –, trois bains thématiques, un hammam, un sauna et des douches massantes. Au rez-de-jardin, se déploient, au-delà des vestiaires, une piscine sportive (25 x 21 m) avec ses dix couloirs de nage aux lignes s’escamotant sous la plage et ses 500 places en gradins, un bassin d’apprentissage, un autre d’activités multiples et une pataugeoire. S’y ajoutent l’impressionnant complexe de loisirs extérieur autour de son bassin de loisirs à cuve inox tout en courbes et contrecourbes, une vertigineuse tour de glisse verticale (4 toboggans), une aire de jeux pour les plus petits. « Par définition, la piscine est un des équipements publics les plus énergivores », et, à l’exploitation, forcément déficitaire pour la collectivité. Grâce au savoir-faire de ses concepteurs, le coût d’exploitation en énergie thermique et en eau de baignade a été réduit de plus de 50 %, moyennant 7 à 8 M € d’équipements techniques (1/3 du budget global) : approvisionnement en eau neuve depuis le lac après « potabilisation » ; chauffage 100 % biomasse avec pompe à chaleur à absorption ; capteurs photovoltaïques en autoconsommation ; déshumidification thermodynamique de l’air ; économie des eaux des filtres et confort de baignade par membrane céramique et désinfection à l’ozone des eaux des bassins.
L’acier à la manœuvre de l’optimisation
Au nord, derrière les pignons blancs fragmentés de la façade urbaine (côté parking), se concentrent tous les services (accueil, vestiaires, administration) et les équipements techniques (chaufferie, eau, air…), en partie en sous-sol, à structure béton. À l’opposé, face au lac, tous les halls accueillant les bassins ainsi que les installations aqualudiques extérieures font majoritairement appel à l’acier. Leur structure est en acier galvanisé résistant mieux aux atmosphères chaudes, humides et chlorées, mais aussi plus économique que l’acier peint. La charpente en poutres Vierendeel croisées supportant des bacs acier acoustiques permet d’optimiser au plus juste chacun des volumes dont l’air doit être renouvelé pas moins de cinq fois l’heure tout en maximisant les hauteurs des vitrages. Ces derniers descendent jusqu’aux plages afin que les nageurs puissent profiter pleinement du paysage lacustre et boisé alentour. Des treillages en acier thermolaqué rouille forment de performants pare-soleil et/ou claustras, en jouant sur les différentes largeurs de leurs plats et leur distance des façades vitrées ou pleines. Enfin, les deux bassins extérieurs sont en inox, plus résistant et facile d’entretien.
• Maître d’ouvrage : Communauté d’agglomération du Libournais
• Maîtres d’œuvre : AP-MA Architecture, Action Archi
• BET structure : Sebat
• Entreprises : Castel et Fromaget (charpente), SMAC (couverture et bardages)
• Photos : Géraldine Bruneel