AMÉNAGEMENT INTÉRIEUR
DE FLATMATES, L’ESPACE
DE COLIVING DE STATION F
Mobilité, flexibilité et métal plié
Pour concevoir le design de l’aménagement intérieur et du mobilier de Flatmates, le plus grand espace de coliving en Europe, l’agence Cutwork a fait appel à la technologie du métal plié pour dessiner, créer et fabriquer les quelque 5 000 éléments de mobilier des cents appartements des résidents. Technologies de l’information, principes de communauté, mobilité, partage, flexibilité, innovation et… acier : tous les ingrédients de ces modèles émergents de cohabitation sont réunis.
Architecte et cofondateur de Cutwork, Antonin Yuji Maeno en est convaincu : « De même que le coworking a complètement redéfini le concept d’espace de travail, le coliving s’inscrit dans le même mouvement en proposant de nouveaux modèles de cohabitation qui vont bouleverser radicalement les façons dont nous construisons nos villes, nos collectivités et nos modes de vie. » C’est là toute la raison d’être de la jeune agence dont le concept hybride qui emprunte un peu à la colocation, à l’hôtel et à la résidence étudiante séduit nombre de promoteurs et start-up. À l’instar de Station F, à Paris, abritant le plus grand campus de start-up au monde et qui a demandé à Cutwork d’intervenir sur Flatmates, le premier projet de coliving à grande échelle.
WA, BA, MA
Imaginé par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, un ensemble de trois immeubles hauts de seize étages s’élevant au-dessus des entrepôts d’Ivry-sur-Seine, à dix minutes de Station F, accueille dans ses cents appartements quelque 600 résidents, membres de l’incubateur, entrepreneurs ou free-lances des start-up. Chaque appartement est ainsi occupé par six résidents disposant chacun de leur propre chambre, de salles de bains et de toilettes ainsi que des espaces de vie communs à tous : cuisine, salon, balcon extérieur. Le défi pour l’agence : configurer un appartement partagé pour six personnes qui ne se connaissent pas et sont susceptibles de n’occuper le lieu que de façon temporaire. La solution : laisser de l’espace « vide », de la place à l’interprétation, à des utilisations non prévues et susceptibles d’évoluer au fil du temps. « Pour Flatmates, observe Antonin Yuji Maeno, nous avons développé une idée de conception centrée sur la communauté interprétant trois concepts japonais pour l’espace : Wa pour la concentration et l’introspection, Ba pour la collaboration et Ma pour le spontané et l’inattendu.»
Et pour concevoir le design de l’aménagement intérieur et du mobilier de Flatmates, l’agence a misé sur la technologie du métal plié.
CANAPÉS, TABLES BASSES ET TABOURETS… C’EST PLIÉ !
Revendiquant sa filiation avec Alvar Aalto et Jean Prouvé, pour l’utilisation de matériaux simples et l’atelier de fabrication, le jeune architecte a mis au point un procédé breveté de pliage de tubes de métal qui s’appuie sur les nouvelles technologies du numérique. Le système permet ainsi de réaliser des meubles sur mesure, de dessiner des éléments d’architecture, voire des structures architecturales. Profils en acier, tôles perforées pressées à froid, inox ou acier S235 : le matériau a été choisi pour sa ductilité, sa résistance élastique et sa très faible fatigue. « L’idée était de reprendre la main sur le dessin et sur la compréhension de la matière en évitant la simple commande sur catalogue, souligne Antonin Yuji Maeno. C’est tout l’esprit digital craft ou artisanat industriel qui nous anime. » L’agence a donc conçu quinze types de produits d’ameublement utilisant tous la même esthétique minimale et les mêmes exigences fonctionnelles. Modules de canapé, table basse, tabouret, banc, table à manger, étagères, plafonnier, support d’ordinateur portable, etc. : tout en légèreté, l’ensemble du mobilier peut ainsi être facilement déplacé, recomposé pour tous les usages les plus intensifs. Sans oublier le décapsuleur clin d’oeil intégré aux tables. Solide, le métal offre également une durée de vie supérieure à celle du bois, soit 10 ans en moyenne, contre 7.
FLEXIBILITÉ
Issue en droite ligne du digital craft, la technologie du métal plié a recours à une machine de découpe laser sur tube qui entaille la matière suivant des encoches longitudinales de manière à la rendre flexible. Une seule machine assure le cintrage, la découpe et le taraudage. Les fichiers de production numérique sont ainsi envoyés à l’usine de découpe où les machines vont percer, couper et façonner la matière en petite ou en grande série. Le tout, à la demande et sans stockage ni surproduction, et au plus proche du lieu de livraison. En un temps record, quelque 5 000 pièces ont ainsi pu être dessinées et fabriquées pour Flatmates.
Maîtrise d’ouvrage : Flatmates
Architecte : agence Cutwork
Photos et doc. : Cutwork