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Concours Acier 2024 : Le palmarès

L’objectif est de donner aux candidats l’opportunité de découvrir et explorer les possibilités architecturales et techniques de l’acier en concevant un ouvrage avec ce matériau. Depuis plus de dix ans, des centaines d’étudiants ont ainsi pu présenter leurs projets devant un jury composé d’architectes, d’ingénieurs, de journalistes et de spécialistes de la construction en acier. Les lauréats du concours sont récompensés par un prix 10 000 euros, leurs projets sont publiés dans la revue MATIÈRES et dans ce livret des prix de l’architecture acier et présentés au public lors de la Steel.in en octobre à Paris.

Composition du jury

Président : Président : Raphaël Ménard, architecte-ingénieur – AREP
Guillaume Lomp, paysagiste – EXIT Paysagistes associés
Léonard Lassagne, architecte – DATA ARCHITECTES
Amina Sellali, cheffe du bureau de l’enseignement et de la recherche en architecture au ministère
Corentin Fivet, ingénieur – EPFL
Karine Leempoels, ingénieur – VIRYFayat Group
Ingrid BERTIN, ingénieur – Gecina
Jan Meyer, rédacteur – Métal Flash
Tristan Cuisinier, journaliste

PREMIER PRIX EX AEQUO

More for Less
Une requalification économique et durable de la friche du plateau de Gentilly

Mélodie Mercier, Léo-Paul Galland, École d’Architecture de la Ville & des Territoires Paris-Est
Quentin Laugier, École des Ponts ParisTech

Le projet More for Less imagine la requalification d’une friche urbaine francilienne, en tirant parti des propriétés avantageuses de standardisation, de réemploi, de réhabilitation et d’économicité de l’acier, au profit des enjeux contemporains, climatiques et sociaux. Prenant appui sur la friche du plateau de Gentilly, où les hangars délaissés et les pavillons en ruine côtoient parcelles de friches et parcs moroses, le projet propose une série d’interventions se prolongeant jusqu’au parvis de la Gare ; un territoire démuni d’infrastructures, où l’automobile monopolise l’espace public. Visant à réinvestir la friche et le parvis en faveur des riverains, le projet s’articule autour d’une multitude de programmes : recyclerie, café, maison pour tous, locaux associatifs… S’inscrivant dans la continuité volumétrique de l’existant, les 5 bâtiments s’appuient sur un système constructif sérialisé selon une même trame, dont la structure acier est recouverte de polycarbonate translucide. Réemployés, les profilés IPE 240 proviennent de la friche ferroviaire du Mans où ils sont stockés en masse aux côtés de tabliers de ponts. Constituant un stock stratégique désuet, que l’état songe aujourd’hui à céder au prix de la tonne, le projet s’appuie sur leur gabarit pour les remettre en œuvre dans la structure des bâtiments, afin de réduire considérablement son empreinte carbone. La reconquête de la friche s’appuie également sur la réhabilitation et l’extension des hangars centenaires dont la structure acier est encore pérenne. Ce déjà-là, réinvesti par des locaux associatifs et une serre pédagogique, fait face à un potager et un parc, désormais désartificialisé et pensé en faveur de la biodiversité. Enfin, le projet tend, par un travail de voirie, au-delà de favoriser l’usage des mobilités douces, à désimperméabiliser et planter massivement, afin de lutter contre les effets d’îlots de chaleur. L’intégration d’une gestion durable des eaux de ruissellement est opérée par des noues.

PREMIER PRIX EX AEQUO

5-5-0 WORK

Yannis Bessila, Lilou Lobry, Paul Regnier, Laura Saison, ESTP Cachan

L’intérêt du projet réside dans le réemploi des éléments d’une friche commerciale d’un ancien supermarché à Nœux-les-Mines pour les utiliser sur un autre site à proximité, à Marcq-en-Barœul, situé à moins de 50 km. Le programme du projet exigeait une mixité des usages, avec 800 m2 de bureaux et un terrain de tennis placé sur le pignon des bureaux.

Pour concevoir ce projet, les contraintes inhérentes au nouveau site, choisi pour son accessibilité́ et son sol déjà̀ impacté, évitant ainsi toute nouvelle imperméabilisation et abattage d’arbres, ont été prises en compte. Il a ensuite été impératif de réaliser un inventaire exhaustif des éléments structurels du supermarché afin d’intégrer au mieux les éléments susceptibles d’être réemployés dans la conception. L’essence même du projet réside dans la préservation du complexe existant, notamment avec la toiture imposante du supermarché, en faveur du tennis qui nécessitait de maintenir d’importantes portées. Autre idée novatrice : adapter la trame initiale du supermarché, caractérisée par un espacement de 10 mètres entre les portiques, en adoptant une trame carrée de 4,5 mètres pour les bureaux et de 9 mètres pour le terrain de tennis.

Le projet intègre donc de manière physique et visuelle le terrain de sport et les bureaux sur deux niveaux, grâce à la conception d’un hall traversant reliant ces deux espaces et à des perspectives depuis la salle de réunion sur le terrain. L’ajout d’un auvent à l’entrée du complexe et d’un patio à l’étage des bureaux vient enrichir la programmation sans altérer la structure de l’ensemble du complexe, offrant ainsi des espaces extérieurs supplémentaires. De plus, le bâtiment est entièrement conforme aux normes d’accessibilité PMR, avec une inclinaison modérée et un ascenseur facilitant l’accès aux bureaux du premier étage. Pour les matériaux, l’accent a été mis, dans le cadre d’un réemploi partiel, sur une réutilisation optimale des éléments structurels disponibles. Cela comprend notamment la réutilisation des complexes de toiture, le réemploi et la surélévation des poteaux pour le terrain de tennis, ainsi que la transformation des éléments de façade en tôles perforées coulissantes pour occulter les bureaux selon les besoins. La structure métallique du bâtiment présente ainsi une alternance entre des ouvertures toute hauteur et un bardage métallique tandis que le gymnase est revêtu d’un bardage en bois afin de le différencier visuellement et de l’intégrer harmonieusement avec les arbres qui lui font face.

PREMIER PRIX EX AEQUO

(D)oser la transformation
Transformation d’une ancienne manufacture en 40 logements sociaux à Mouvaux (59)

César Baudassé, ENSA Paris-Belleville, Guillaume Prévost-Bouré, ENSA Marne la Vallée

En réponse aux exigences de la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU) de 2000 et face aux défis posés par la loi Climat et Résilience de 2021, le projet « (D)oser la transformation » vise à reconvertir une ancienne manufacture de brosses à Mouvaux en 40 logements sociaux. Ce projet s’inscrit dans une démarche de rééquilibrage de l’offre de logements sociaux et de réhabilitation des friches urbaines, tout en respectant les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols.

Mouvaux, comme de nombreuses communes françaises, peine à atteindre les 25% de logements sociaux exigés par la loi SRU, n’ayant que 14% en 2018. Les contraintes territoriales et le manque de terrains disponibles compliquent la création de nouveaux logements sociaux.   Cependant, la commune possède des friches industrielles sous-utilisées, offrant une opportunité pour réinvestir ces espaces tout en répondant aux besoins sociaux. Nous proposons de réinvestir une ancienne manufacture de brosses pour y accueillir 40 logements sociaux et transformer ce site anciennement industriel. Le projet se nourrit des contraintes de l’existant pour proposer des solutions économiques et écologiques tout en minimisant les interventions sur le bâtiment.

MENTION SPÉCIALE

Bloc-AUTO factory
L’automobile comme ressource des possibles

G’Juliemm Kouamé, ENSA Versailles

L’an 2050, sonnera le temps de la neutralité carbone et l’abandon des combustibles fossiles dans le secteur énergétique sur l’ensemble du territoire Européen. Bien que nous soyons guidés depuis 2015 par les accords de Paris et la stratégie nationale bas-carbone, les solutions pour réduire l’impact environnemental de nos déplacements en sont encore à leurs débuts. Chaque année, près de 1,5 million de véhicules tombent en désuétude. Ces véhicules, dits « hors d’usage », ont trois issues possibles : la prise en charge par les centres VHU, l’abandon sauvage, l’exportation vers des pays étrangers. Dans le cas de la prise en charge par les centres VHU, les véhicules jugés sans valeur suivront un processus de recyclage, de tri et de vente, puis ils seront fondus pour que leurs matériaux soient réinjectés dans l’industrie le reste devient du « déchet ». Pourquoi les seules issues qui leur sont destinées doivent-elles être la destruction, l’incinération ou l’abandon ? Ne pouvons-nous pas, par acte de reconnaissance envers les services que ces véhicules nous ont rendus, leur assurer un meilleur devenir que celui de la destruction ? Bien au-delà d’être ce délicat mélange entre réutilisation, récupération et recyclage, le réemploi est tout d’abord un acte d’honneur et de respect par lequel on donne un nouvel usage à une chose tombée en désuétude, qui a perdu l’emploi pour lequel elle avait été conçue et imaginée. L’objet se métamorphose en une matière malléable et flexible, qui garde la mémoire de ce qu’il a vécu. Il est nourri des traces de son ancien usage. Si nous transformons ces carcasses automobiles en ressources via un processus basé sur l’utilisation exclusive des énergies renouvelables, tout en considérant l’impact carbone qui en découle, et que nous utilisons cette nouvelle matière intelligemment selon ses caractéristiques dominantes, nous produisons alors une ressource métal (Acier >85%) constructive potentiellement infinie, du moins aussi longtemps que l’être humain continuera d’utiliser la voiture. Bien évidemment, l’idée est de s’intégrer dans le processus de gestion VHU existant et d’y ajouter une étape supplémentaire et/ou différente, créant de nouvelles possibilités plus cohérentes avec les ambitions environnementales de notre siècle. La Bloc-AUTO Factory offrira une double lecture : elle sera à la fois la matérialisation de la métamorphose des véhicules hors d’usage et l’expression du matériau lui-même, une « manufacture-vitrine ». Chacune des étapes de cette métamorphose implique une surface, une disposition, des dispositifs et un usage de l’espace spécifique. Pour accueillir ce projet d’envergure, il fallait trouver un endroit en phase avec les objectifs qu’il soulève. Le choix s’est arrêté sur un site situé aux abords de Paris, à Noisy-le-Sec (93), dans un contexte hybride à la fois urbain et industriel, entre le canal de l’Ourcq et les réseaux ferroviaires nationaux. Ce site se découpe en trois parties : le premier tiers est une ancienne déchetterie de métaux fermée définitivement, le deuxième tiers est un jardin communautaire abandonné, et enfin le dernier tiers, adjacent aux voies ferrées, est depuis plusieurs années une friche urbaine où s’accumulent de nombreux déchets ménagers. Ce lieu a été méticuleusement sélectionné pour son injuste délaissement, son histoire et ses nombreuses potentialités. Tout comme les véhicules hors d’usage, le site devra s’émanciper de sa condition actuelle pour pouvoir se réinventer un nouveau devenir.