Concours
Concours Acier 2022 : Le palmarès
L’objectif est de donner aux candidats l’opportunité de découvrir et explorer les possibilités architecturales et techniques de l’acier en concevant un ouvrage avec ce matériau. Depuis plus de dix ans, des centaines d’étudiants ont ainsi pu présenter leurs projets devant un jury composé d’architectes, d’ingénieurs, de journalistes et de spécialistes de la construction en acier. Les lauréats du concours sont récompensés par un prix 10 000 euros, leurs projets sont publiés dans la revue MATIÈRES et dans ce livret des prix de l’architecture acier et présentés au public lors de la Steel.in en octobre à Paris.
Présidente : Sophie Delhay, architecte
Valentine Guichardaz, architecte, atelier Rita
Simon Durand, ingénieur, SBP
Alice Delaleu, rédactrice en chef, Chroniques d’architecture
Amélie Luquain, journaliste, Le Moniteur
Alice Bialestowsky, journaliste, AMC
Anne Labroille, architecte urbaniste, maison de l’architecture Île-de-France
Raviver la modernité : Réhabilitation de la Tour 3M à Cergy Pontoise
Antoine Leriche – ENSA Paris-la-Villette
Livrée entre 1976 et 1978, la Tour 3M de l’architecte Paul Depondt a joué un rôle prépondérant dans l’histoire de la Ville Nouvelle de Cergy-Pontoise. Mais cette tour de bureaux emblématique, caractérisée par sa structure métallique en autopatinable a disparu de la skyline a été détruite en 2021, pour laisser place à un nouveau quartier de 1370 logements.
Le projet Raviver la modernité est le manifeste d’une architecture appréhendée comme une ressource riche en matière et en symboles qu’il convient aujourd’hui de réinvestir et de préserver comme une trace de l’histoire.Au sein de la Tour, le socle est réinvesti par un équipement multifonctionnel (RDC + Mezzanine) et archives universitaires (R+2), tandis que les étages courants accueillent désormais des logements en duplex (112 au maximum) jumelés à des espaces communs traversants et des locaux en second jour appropriables afin d’atténuer l’épaisseur de l’édifice. Pour parvenir à cette mixité programmatique dans une démarche d’économie de moyens, plusieurs soustractions ont alors été opérées pour permettre une nouvelle lecture des espaces et faire du noyau le véritable point d’articulation du projet.
Habiter l’infrastructure, une voie vers une ville plus résiliente : Réhabilitation de la halle des Messageries à Paris
Camille Ouvrard – ENSA Marne-La-Vallée
Alliant écologie et patrimoine, le projet de la Halle des Messageries consiste en la réhabilitation de l’ancienne halle de tri postal de la Gare Saint-Lazare, emblème de l’architecture industrielle. Le projet : tirer parti des qualités spatiales et structurelles du bâtiment existant et le conforter dans son rôle infrastructurel, en lien avec le réseau ferré qu’il surplombe, ainsi qu’en faire un lieu de vie ouvert sur la ville.
Habiter l’infrastructure, une voie vers une ville plus résiliente propose une alternative à l’obsolescence des bâtiments grâce à une structure originale en acier, respectueuse du bâtiment historique et adressée aux générations futures. Celle-ci est évolutive, capable de résister aux épreuves du temps sans pour autant définir les modes de vie de demain. Le projet mise sur les qualités structurelles de l’acier en imaginant une structure suspendue à des portiques qui enjambent le bâtiment existant sans le dénaturer. La structure principale en acier permet la création de vastes plateaux, supports d’usages multiples et évolutifs. Elle est complétée par une structure secondaire en bois réversible, qui accueille les logements, pensés comme un espace d’appropriation et conçus de manière bioclimatique, afin de minimiser l’utilisation de système énergétique.
Une Utopie coopérative : Des Masses aux multitudes, une communauté de travailleurs dans la tour Bretagne
Louis Fiolleau – ENSA Nantes
Inaugurée en 1976, la tour Bretagne conçue par l’architecte Claude Devorsine devait être le symbole, pour la ville de Nantes, d’une compétitivité économique dynamique sur tout le territoire. Restée vide en raison notamment du coût élevé de ses loyers, la tour a logiquement fermé en 2020. Ses plateaux ont été vendus par la ville à des promoteurs pour un désamiantage. Le projet propose une alternative différente et politique face à cet abandon.
Les vestiges de béton du passé et les poutres métalliques du présent s’entrechoquent alors pour accueillir une communauté autonome de 200 membres. Un réseau aux productions multiples se solidarise alors par une mise en commun radicale des moyens (organisation concertée de la production, répartition égale des richesses créées…). Les habitants de la tour deviennent copropriétaires de leurs espaces de travail, de leurs logements et de programmes collectifs :
parlement, centre énergétique, plateforme logistique, unité agricole… Ces espaces entrelacés viennent se loger aussi bien dans la tour et les abris souverains de sa greffe, que dans le socle remanié et ses espaces typologiquement contraints. Ce projet s’emploie ainsi à détourner les conditions d’autonomie de la multitude dans un jeu d’équilibre – symbolisé par la structure – entre mobilité individuelle et ancrage collectif.
Loft 77
Doyen Choi et Sarah Fournier – ENSA Paris-Val-de-Seine
A la croisée du torrent et du nouveau pont San Giorgio de Renzo Piano à Gênes, l’ancienne usine sidérurgique Ansaldo Energia sert de socle à Loft 77 : culture, habitat, bureaux et nature cohabitent grâce à l’acier avec une mixité programmatique verticale dynamique : suspension, espace, luminosité et intégration dans le paysage.
Épurer pour être durable. Économie, écologie et légèreté guident toute la conception du projet, une structure légère, démontable et réemployable.
Construire sur l’existant. La large trame du bâtiment industriel existant permet l’élévation en acier, libère le sol et offre un nouveau paysage.
Stratifier la ville. Ses 77 m de hauteur dialoguent avec l’environnement, le pont de 45 m, l’ex-gazomètre de 70 m et la montagne de 145 m. Une grande halle culturelle propose des expositions temporaires. Jardins, restaurants, logements
et bureaux, s’enchevêtrent.
Redimensionner l’habitat. Simplicité architecturale traversante et économie de matière grâce à l’élégance et la finesse de l’acier repensent la cellule familiale : 24 m de large, 4,5 m de hauteur par étage, apports lumineux revisités, réversibilité programmatique, 6 à 7 logements pour un seul noyau de circulation…
Partager le paysage. Au cœur du projet, des jardins partagés flottent au milieu des poteaux à 40 m du sol soit 1 600 m2 de cultures hors-sol et espaces d’échanges et de rencontres…