Architectures
Gare de Montpellier Saint-Roch
Construite en 1844 et dotée d’une façade néo-classique classée, la gare de Montpellier Saint-Roch nécessite aujourd’hui un réaménagement complet. A force d’extensions, d’ajouts et d’adaptations liés à l’augmentation du trafic, la gare a perdu de sa lisibilité et de sa logique de fonctionnement.
La refonte complète de cet espace public majeur de Montpellier affirmera sa vocation de pôle d’échanges et de services de la ville, et permettra son ouverture sur les quartiers qui l’entourent. L’ancienne dalle sera percée de trémies qui permettront de créer de nouveaux accès aux quais, les éclairant et les ventilant naturellement. Les circulations et l’évacuation des quais seront ainsi fluidifiées.
Le nouveau bâtiment, situé sur la dalle, se compose d’une grande nef de circulation dont l’atmosphère est contrôlée et d’éléments latéraux à toitures terrasses végétalisées qui accueillent services et commerces. Large de 13.65 mètres et longue de 195 mètres, la grande nef est recouverte de modules en ETFE, un matériau translucide tamisant la lumière, reflétant les nuages le jour et évoquant un immense vaisseau lumineux la nuit. Ces modules constituent des coussins opacifiés pour atténuer le rayonnement solaire l’été et permettant de minimiser les pertes de chaleur l’hiver. Des canisses suspendus complètent la protection solaire et servent également d’absorbants acoustiques.
Des pergolas protègent les cheminements, les terrasses des commerces ainsi que les salles d’attente extérieures. Les voyageurs pourront se reposer dans cet espace frais l’été, sous une lumière douce filtrée par la verdure, avec le bruit de l’eau des fontaines et le parfum des fleurs (jasmin, chèvrefeuilles, clématites). Comme pour les gares de Strasbourg, de Paris-Nord et de Marseille Saint-Charles, patrimoine et architecture contemporaine s’associent pour créer un nouveau lieu d’échanges efficace où les modes de transport doux sont privilégiés. Le pôle d’échanges multimodal s’inscrit dans une démarche de requalification du quartier Nouveau Saint-Roch qui prévoit la construction d’habitats collectifs, de bureaux et de commerces.
La conception de la nef
La nef se compose d’une galerie couverte de section ogivale, formée de 2 arcs de 13,70 m de rayon se croisant à 11,85 m de haut par rapport au niveau de la dalle. Cette galerie est couverte par des modules ETFE et par un lanterneau en verre assurant le désenfumage.
La couverture en ETFE (Ethylène tétrafluoroéthylène) est constituée de coussins à 3 membranes. La nef est délimitée par 2 façades en pignon. C’est une zone à température contrôlée.
La structure est constituée d’arcs espacés de 3,24 m, raidis à l’intérieur par un treillis. Les diagonales du treillis sont des fers plats pliés et soudés. Des montants en croix permettent de soulager les diagonales de treillis en compression afin de limiter leur impact visuel. La membrure intérieure du treillis est mise en tension au montage afin de raidir la structure vis-à-vis des efforts horizontaux (prétension de l’ordre de 10 T). Le contreventement longitudinal est assuré par des palées de contreventement liant 2 arcs consécutifs sur les 2 trames d’extrémité. Ces trames sont couvertes avec une membrane ETFE simple peau sur des pannes, car le volume des coussins ETFE interdit toute structure intermédiaire liaisonnant 2 arcs consécutifs. La nef est coupée en 2 parties par un joint de dilatation situé entre les files 16 et 17 (au-delà du pignon).
Les efforts induits par la crevaison d’un coussin sont repris par l’arc lui-même. Pour cette raison, les arcs présentent leur plus forte inertie dans le sens transversal. Leur section est fermée pour stabiliser le treillis au déversement et reprendre les torsions dus aux efforts des coussins.
La structure «treillis» intérieure est utilisée pour suspendre des «canisses» qui servent d’absorbant acoustique et complètent la protection contre l’ensoleillement. Avec une densité plus ou moins forte sur chaque face de la nef, ces canisses sont traitées pour ne pas s’enflammer en cas d’incendie. Le rythme de ces «canisses» suspendues et leur densité permet de percevoir la structure depuis le sol.En majorité, ni les canisses ni les coussins ETFE ne sont à portée de main du public, afin d’éviter tout risque de dégradation.
La nef est encadrée de part et d’autre par un auvent filant sur toute la longueur, d’une largeur de 2,70 m. Cet auvent appelé «marquis » porte un bac acier. La marquise d’appuie sur les arcs de la nef, par des articulations, et d’autre part sur les poteaux des modules. Au droit des trémies (où il n’y a pas de commerces et services), des poteaux descendent jusqu’au quai en contrebas. Ces poteaux servent à la fois de support à la marquise et de raidisseurs de façade pour protéger les escaliers mécaniques des intempéries.
De part et d’autre de la galerie, des modules à structure métallique accueillent les concédés et les services. La toiture est en bac acier recouvert en toiture végétalisée. La couverture est portée par des poutres transversales espacées de 3,24 m, de portée 9 m côté nord et 12,3 m côté sud. Ces poutres s’appuient sur des poteaux espacés également de 3,24 m.
Maîtrise d’ouvrage : SNCF Gares & Connexions
Maîtrise d’œuvre : SNCF Gares & Connexions – AREP / F. Bonnefille, J.M. Duthilleul, E. Tricaud
Bureaux d’études : AREP, MAP3 (structure), SNCF PRI/CIMED (ingénierie ferroviaire)
Bureau de contrôle et coordinateur SPS : Veritas