L’ATOLL, éco-parc commercial, Angers

Cerclé de métal, L’Atoll est un ovni architectural qui renouvelle le genre du centre commercial de périphérie par son image sophistiquée. Galbée dans les trois dimensions, sa coque dissimule sous une enveloppe décorative les structures hybrides d’une construction économique enroulée dans le paysage.

Se définissant comme le “premier éco-parc commercial français”, L’Atoll a créé la surprise dans le paysage convenu de l’urbanisme commercial par sa forme origi- nale et poétique parachutée dans le bocage aux abords d’Angers. L’ouvrage tient de l’ovni et se découvre le long de la route de Rennes : une volute blanche dont la dentelle s’illumine la nuit de nuances mordorées. L’apparition est fantomatique, la forme mystérieuse. Enroulée sur elle-même, elle s’apparente à un anneau sensiblement déformé qui occupe une emprise d’une vingtaine d’hectares au sein de la ZAC à vocation économique et commerciale créée sur la commune de Beaucouzé par la société d’aménagement de la région d’Angers (SARA). Les figures habituelles du lotissement commercial et de la boîte en bardage, son corollaire, sont ici oubliées au profit d’une vaste pièce circulaire insérée dans l’environnement agricole et tournée sur un paysage intérieur.

Une enceinte commerciale attractive

Création ex nihilo, cette enceinte refermée en boucle développe 91 000 m2 et recèle une cinquantaine d’enseignes consacrées pour l’essentiel à l’équipement de la maison et la décoration, avec pour “locomotives” deux grandes surfaces spécialisées diamétralement opposées au sein de l’anneau. L’initiative de cette implantation d’envergure revient à la communauté d’agglomération Angers Loire Métropole qui a souhaité contrer l’arrivée à Nantes du géant suédois du mobilier par une offre alternative très attractive. La zone de chalandise visée déborde largement les 400 000 habitants de l’agglomération angevine, justifiant les 2 700 places de stationnement demandées au programme. Pour conquérir cette clientèle potentielle, l’architecture a été appelée en renfort dès le concours de promoteurs-investisseurs lancé par la communauté d’agglomération. En position d’outsider, la Compagnie de Phalsbourg qui a marié pour la circonstance deux jeunes agences d’architecture s’est imposée devant des poids lourds du secteur épaulés de ténors de la profession. La créativité et la prise de risque ont payé. Le maître d’ouvrage qui déclare « refuser la médiocrité du commerce périurbain » s’est impliqué dans tous les choix architecturaux sans jamais abdiquer de son ambition dans un contexte économique marqué par le retournement de conjoncture. Si la commercialisation a été pludifficile que prévu, l’opération n’en a pas moins été rondement menée jusqu’à délivrer un ouvrage qui ne ressemble à rien de connu.

Un anneau cerclé de métal

Au final, le coût de la démarche de qualité architecturale et paysagère est évalué à 30% de l’investissement. La coque ajourée qui emballe l’ouvrage représenterait à elle seule un surcoût de 15 à 20 millions d’euros sur un investissement total de 145 millions d’euros. Mais elle fait tout l’attrait de l’ouvrage et lui façonne son image tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’anneau. Elle présente l’avantage d’englober et de faire disparaître la voie de livraison sur son pourtour (1,6 km) et de souligner d’un auvent continu les vitrines qui composent la promenade intérieure (1 km). Toutes les pollutions visuelles liées à la logistique sont ainsi occultées et les multiples enseignes canalisées par l’auvent sont réduites à un galon coloré.
Culminant à 12 mètres de hauteur, cette coque double face est entaillée de quatre porches également capotés qui donnent accès au parking souterrain (1 400 places sur 2 niveaux) et au cœur de l’anneau où le stationnement aérien (1 300 places) se fond dans l’aménagement paysager du lieu. Elle enveloppe de surcroît une construction disparate qui juxtapose un système préfabriqué en béton armé pour les commerces courants et des structures métalliques de grandes portées aux poteaux cruciformes contreventés (PRS / profilé reconstitué soudés en croix scout) pour les deux grandes surfaces opposées.

Une coque générée par une structure rapportée

D’une géométrie complexe, cette enveloppe uniforme toute en doubles courbures est assujettie à une structure métallique constituée de profilés et de tubes standardisés qui en définit les gabarits et les modulations. La peau proprement dite a été envisagée sous divers matériaux dont la fibre de verre avant d’être finalisée en métal perforé pour la fiabilité de l’usinage industriel et le volume de production. Cet ouvrage spécifique qui se développe sur 50 000 m2 est pour l’essentiel tramé sur un pas de 2,40 mètres. La façade extérieure galbée est composée de cassettes répétitives mais cintrées sur des rayons différents. Plus ouvragée, la façade intérieure qui comporte l’auvent ne compte plus qu’une moitié de cassettes calées sur cette trame. Encore plus compliqués, les porches arrondis qui réalisent la jonction des deux façades ont requis de nombreuses pièces de forme uniques spécialement façonnées en Angleterre et posées en dernier.

Une dentelle décorative

L’effet décoratif obtenu par perforation de la tôle d’aluminium de 3 mm d’épaisseur reproduit un même motif en losange qui est décliné en grand à l’extérieur pour correspondre à la vision lointaine et en petit à l’intérieur pour s’accorder au “lèche-vitrine” de la promenade. Afin de mieux dissimuler la voie de desserte et son activité, cette perforation est moins affirmée (diamètres réduits) sur les trois premiers mètres de l’enveloppe extérieure. Une peinture blanche thermolaquée et vernie lui confère un aspect nacré légèrement réfléchissant qui estompe l’ouvrage dans le paysage et éclaire l’auvent intérieur en débord de presque cinq mètres. De nuit, un rétroéclairage modulable en température de couleur révèle le motif et transforme la coque extérieure en dentelle. Généreusement galbée, cette dernière se retourne en toiture pour masquer les surfaces planes requises par les contraintes de sécurité et les équipements techniques dont une installation photovoltaïque initialement prévue sur 30 000 m2 pour optimiser le bilan énergétique mais finalement abandonnée suite au changement des clauses d’exploitation de 2010.
L’insertion paysagère et les espaces verts constitués sur 6 hectares jusqu’à l’intérieur de l’anneau restent donc le meilleur faire-valoir environnemental de ce centre commercial du troisième type. Quelque 600 arbres ont été plantés, dont de remarquables sujets ornementaux, et des arbustes par milliers. Le pôle restauration qui en occupe le centre prend la forme d’un village ordonné autour d’une place, ses maisons cubiques habillés d’un lattis vertical en pin Douglas qui arrondit les angles. Semés sur le tour intérieur de la promenade, de gros galets lisses font contraste et abritent des commerces spécifiques. Tous ces volumes disséminés au centre de l’anneau sont établis à 5,50 mètres de hauteur afin de préserver la vue des enseignes déroulées en périmètre et sont construits en ossature métallique sous leurs vêtures respectives, lattis de bois ou panneaux cintrés de composite ciment verre (CCV) pour les galets. Ces contrepoints intérieurs rendent l’anneau encore plus magique et prodigieux par son échelle sidérale et sa parure précieuse.

Maîtrise d’ouvrage
Compagnie de Phalsbourg

Maîtrise d’œuvre
Antonio Virga architecte et AAVP / Atelier d’architectureVincent Parreira

BET TCE et OPC
Girec Ingénierie

AMO HQE
Elan
Gros-œuvre
Cardinal

Charpente métallique
PL Maître
Enveloppe aluminium
Tolartois + Face Normandie
(pose)