Architectures
Stade Matmut Atlantique, Bordeaux
Situé sur le site de Bordeaux-Lac, le long de l’avenue de la Jallère, le nouveau Stade de Bordeaux qui vient remplacer l’ancien stade Chaban-Delmas se distingue par la forme pure du volume et l’extrême légèreté de sa structure. Dès l’abord du stade, une forêt verticale de plus de 1 000 poteaux élancés, inspirée du massif forestier de pins des Landes, crée d’emblée une harmonieuse continuité entre le parvis planté d’arbres et l’édifice. Originale pour un stade, l’architecture, élégante est de forme rectangulaire. La toiture est constituée de fléaux en porte à faux de 44 m avec tirant arrière et poteau comprimé en tête de gradin. D’une capacité modulable de 42 000 places assises dans la configuration football ou rugby, il est aussi conçu pour accueillir une programmation diversifiée.
Mais au-delà de son design inédit, c’est aussi — et peut-être surtout — parce qu’il est composé à 70% d’acier que le Nouveau Stade de Bordeaux est unique en France.
Temple classique, Meccano géant
233 m de long, 210 m de large et 43 m de haut : la construction de l’édifice a mobilisé six constructeurs issus des groupes Fayat et Vinci, associés à 50/50 au sein de la société Stade Bordeaux Atlantique, maître d’ouvrage de l’opération dans le cadre d’un PPP. En première ligne, Castel & Fromaget, avec 12 300 tonnes de charpente métallique à réaliser (deux fois la Tour Eiffel en poids de métal), soit 45 000 m2 de surface de couverture, 42 000 m2 de sous-faces composites des gradins, 25 000 m2 de sous-face de toiture, 644 poteaux circulaires supportant le bol pouvant atteindre jusqu’à 37 mètres de hauteur… Ces 32 km de poteaux circulaires et les quelques 160 000 boulons destinés aux assemblages ont été modélisés dans les bureaux d’études, réalisés et assemblés à 70% en atelier puis transportées par convois spéciaux sur le site avant leur montage définitif. Pendant des mois, les ateliers de Fleurance dans le Gers, de Casseneuil dans le Lot-et-Garonne et de Monteils dans le Tarn-et-Garonne ont ainsi tourné à plein régime. A charge, pour Fleurance, de fabriquer les éléments de charpente et les pièces intermédiaires, pour Casseneuil, de réaliser les poteaux circulaires à partir de tubes ronds de 406 ou 710 mm et, enfin, pour Monteils, les solives et les crémaillères. Le choix de l’acier pour la réalisation de ce Meccano géant n’est assurément pas un hasard. Le matériau a en effet permis de diminuer considérablement le poids du stade qui, de fait, a nécessité des fondations réduites entraînant gain de temps et de coûts. Aux extrémités du terrain, les tribunes nord et sud sont entièrement métalliques. Là encore, ce choix correspond à une recherche maximum de légèreté afin de diminuer les fondations pour cause de sol meuble et compressible et les coûts induits. Décisif, l’argument de la légèreté a donc pesé de tout son poids dans le choix du matériau acier pour la réalisation du stade. Mais il est également une autre raison tout aussi cruciale : impossible de rester dans l’enveloppe financière fixée par la mairie de Bordeaux sans recourir à l’acier. C’est ce qu’a rappelé Alain Juppé, maire de la Ville, à l’occasion de l’inauguration du stade le 18 mai dernier, soulignant que le choix de l’acier pour plus de la moitié de la structure faisait du Nouveau Stade de Bordeaux l’un des moins chers – sinon le moins cher – de l’Euro 2016.
Ce projet a été lauréat des Trophées Eiffel 2016 catégorie Divertir
Maître d’Ouvrage : Stade de Bordeaux Atlantique – Somifa Adim
Architecte : Herzog & De Meuron – Groupe 6
Paysagiste : Michel Desvigne
Bureau d’études : Jaillet-Rouby
Economiste : Mazet et associés
Constructeur métallique : Castel et Fromaget
Photographe : Francis Vigouroux